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13-Novembre: Mohamed Bakkali, considéré comme un logisticien clé, se défend devant les juges

Il est soupçonné d'avoir loué des voitures et des planques pour la cellule ayant frappé la France et la Belgique, mais conteste avoir eu connaissance de ses projets: Mohamed Bakkali s'est défendu mardi pour la première fois devant les juges français de l'enquête sur les attentats du 13-Novembre.

Arrêté à Bruxelles deux semaines après les attaques de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015 (130 morts), ce Belge de 31 ans est apparu progressivement, aux yeux des enquêteurs, comme un rouage essentiel du transport et du logement des jihadistes en Belgique. Il a été remis à la France en janvier 2018.

Ce rôle présumé lui vaut d'être mis en examen, dans les deux pays, dans les enquêtes sur le 13-Novembre et l'attaque manquée du 21 août 2015 dans le Thalys Amsterdam-Paris.

Mohamed Bakkali nie toute implication dans les projets de la cellule et conteste avoir déjà rencontré Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos parisiens qui, lui, affirme le connaître.

Après avoir longtemps tenté de se disculper devant la justice belge, Mohamed Bakkali avait finalement renoncé à s'exprimer, jugeant sa présomption d'innocence bafouée, affirmant qu'il s'expliquerait en France.

Mardi, "il a condamné très fermement les actes, qu'il tient pour une abomination, commis à Paris et Bruxelles", a relaté à l'AFP son avocat, Abraham Johnson.

L'enquête belge a mis en évidence que Mohamed Bakkali a loué au moins cinq voitures entre septembre et novembre 2015, qui ont pu servir à la cellule jihadiste. L'une d'elles, une BMW, a été repérée à proximité de deux planques, à Charleroi et Auvelais (sud de la Belgique).

S'appuyant aussi sur sa téléphonie, les enquêteurs le soupçonnent d'y avoir transporté des combattants revenus de Syrie auparavant convoyés par Salah Abdeslam à travers l'Europe. Parmi eux se trouvaient, selon les enquêteurs, Osama Krayem et Sofien Ayari, deux suspects aujourd'hui détenus en Belgique.

- Perruque et lunettes -

Il est également mis en cause pour la location de plusieurs appartements, sous une fausse identité et affublé, comme d'autres logisticiens de la cellule, d'une perruque et de lunettes.

L'un de ces appartements, situé rue Henri-Bergé à Schaerbeek (Bruxelles), a servi à fabriquer les ceintures explosives du 13-Novembre et à loger les frères El Bakraoui, kamizakes des attentats du 22 mars 2016 dans la capitale belge (32 morts).

Mohamed Bakkali avait justifié ces locations par un projet de revente de produits contrefaits en collaboration avec les frères, qui n'a jamais vu le jour.

Avant de se faire exploser à l'aéroport Zaventem, Ibrahim El Bakraoui a d'ailleurs laissé un message audio dans un ordinateur. Il y affirme l'avoir dupé pour utiliser les appartements et les voitures loués à sa demande "par amitié", d'après les éléments de l'enquête dont a eu connaissance l'AFP.

Mardi, Mohamed Bakkali a de nouveau défendu cette version, affirmant avoir été "tenu dans un parfait secret des projets" de ses amis, selon son avocat.

"Personne n'ignore dans cette affaire qu'il avait une activité délictuelle (...) et ceci se superpose tout à fait avec les soutiens logistiques qu'on lui reproche aujourd'hui", a expliqué Me Johnson. "Il veut bien assumer sa part de responsabilité mais il ne tient pas à porter un chapeau manifestement trop grand pour lui".

L'ordinateur retrouvé dans une poubelle à proximité d'une planque à Schaerbeek contenait cependant un autre fichier audio, effacé, qui sème le doute.

Dans ce document, enregistré entre les attentats de Paris et de Bruxelles, un des jihadistes évoque un projet d'enlèvement en échange de libérations, "en priorité les frères qui ont travaillé (...) comme Nemmouche (l'assaillant du musée juif de Bruxelles en 2015, NDLR) et Bakkali".

"Ca, ce serait une grosse victoire pour la Dawla (organisation Etat islamique, NDLR)", conclut Najim Laachraoui, futur kamikaze du métro de Bruxelles.

Parmi les autres éléments à charge: Mohamed Bakkali apparaît, dans les semaines précédant le 13-Novembre, comme le premier contact téléphonique de Khalid El Bakraoui, son ami rencontré lors de cours d'arabe intensifs en 2013, qui intriguent aussi les enquêteurs belges.

Ces derniers le soupçonnent d'avoir été impliqué, à l'époque de cette formation, dans une "filière d'acheminement de matériels, de financement et d'hommes" vers la zone de combats irako-syrienne.

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