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28 oeuvres pour explorer le monde de Jim Dine au Centre Pompidou

Un coeur, des outils, un peignoir, une hache: ces objets fétiches jalonnent l'oeuvre de l'Américain Jim Dine, un temps associé au Pop art mais avant tout "expérimentateur forcené", comme le montrent les 28 oeuvres qu'il vient d'offrir au Centre Pompidou.

Une donation exceptionnelle présentée jusqu'au 23 avril sous le titre "Paris Reconnaissance" dans les salles d'actualité du Musée d'Art moderne. Jim Dine aime la France, et spécialement Paris où il séjourne fréquemment depuis la fin des années 60 et possède deux résidences, ainsi qu'un atelier à Montrouge.

"Je savais que Paris était le haut lieu des histoires d'amour, pas seulement de mon histoire d'amour artistique, mais aussi de mon histoire d'amour avec le 19e siècle et l'art moderne du 20e", raconte-t-il dans le catalogue de l'exposition à propos de sa première visite.

"Pour ma 82e année, j'ai décidé de donner ces peintures et sculptures de différents moments de ma carrière car je tiens beaucoup à honorer une dette culturelle et personnelle" envers la France, écrit ce voyageur infatigable.

La générosité de Dine, tout à la fois peintre, sculpteur, poète, est d'autant mieux venue qu'une seule de ses oeuvres figurait dans les collections du Centre Pompidou.

- 'Tout essayé, tout investi' -

Couvrant presque toute sa carrière, la donation "raconte son histoire", souligne Bernard Blistène, directeur du Musée d'Art moderne: "Qu'il s'agisse de son attirance pour certains artistes du Pop Art comme Rauschenberg ou Jasper Johns ou de son immense admiration pour l’expressionnisme abstrait, spécialement pour Pollock et de Kooning - son dieu en peinture".

Dine aura "tout essayé, tout investi" et n'a de cesse "d'explorer toutes sortes de techniques et de sujets au point d'en déconcerter plus d'un", dit encore Bernard Blistène.

Un exemple remarquable à cet égard est l'oeuvre intitulée "Drunk and Sober": des outils de jardinage et d'artisans prolifèrent sur un tableau, où l'artiste a ensuite procédé à un "dripping" (de l'anglais to drip, "laisser goutter") de couleurs vives.

L'oeuvre de Dine est très autobiographique - son oncle était quincailler - avec une forte dimension fétichiste.

Dans "Putney Winter Heart", il associe un coeur peint dans une dominante bleue et une scie de bûcheron fixée au milieu de la toile. Un autre coeur monumental, cette fois en paille, est exposé un peu plus loin. Dine affectionne aussi des matériaux et des pauvres, comme le chevalet de sciage et le tronc d'arbre, présents dans "Stephen Hands Path": une hache est plantée dans le tronc et une moitié de robe de chambre apparaît en fond.

Durant les années 1970, Dine remet radicalement en question son travail et redécouvre la figuration. Plus tard, avec une virtuosité stupéfiante, il va tailler des Vénus de Milo dans un tronc d'arbre, à la hache et à la tronçonneuse. Décapités et peints, ces modèles de la sculpture classique recevront parfois une "ceinture" d'outils plantés dans le bois. Il sculpte même d'étranges figures de Pinocchio.

Jim Dine écrit aussi des poèmes. Pour cette exposition, il a inscrit directement sur les murs de la galerie, neuf d'entre eux, inspirés par Paris : "La Coupole", "Juillet", "Café Varenne"....

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