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75 ans d’Hiroshima: l'aide humanitaire mondiale insuffisante en cas de nouvelle bombe nucléaire

Le Japon a commémoré ce jeudi la première attaque nucléaire de l'histoire, survenue il y a 75 ans, le 6 août 1945, à Hiroshima. La Croix-Rouge flamande met en garde contre les conséquences potentiellement désastreuses d'une catastrophe nucléaire. Il serait aujourd'hui impossible de fournir une aide adéquate car aucun État ou organisation ne dispose d'une capacité humanitaire suffisante, avertit l'organisation.

Les bombes d’aujourd’hui 10 à 20 fois plus puissantes

"Nous devons absolument éviter que l'histoire ne se répète car personne n'est préparé à cela", déclare Laura De Grève, experte en droit international humanitaire auprès de la Croix-Rouge flamande. Selon l'organisation humanitaire, les armes nucléaires actuelles sont 10 à 20 fois plus puissantes que les bombes utilisées il y a 75 ans. "Supposons qu'une autre cible soit touchée aujourd'hui par une bombe atomique, les conséquences des attaques d'Hiroshima et Nagasaki en 1945 ne seraient rien par rapport aux dégâts humains et matériels qu'une telle arme causerait maintenant", souligne l'organisme. "L'utilisation de telles armes pourrait même mettre en danger la survie de l'humanité."

1.800 prêtes à être lancées à tout moment

La Croix-Rouge flamande avertit également du risque élevé d'une explosion nucléaire, qu'elle soit délibérée ou accidentelle. L'arsenal nucléaire mondial compterait 13.400 ogives nucléaires, dont 1.800 maintenues en état d'alerte et qui peuvent donc être lancées en quelques minutes. L'organisation humanitaire estime qu'outre l'adhésion et le respect des traités internationaux sur l'usage d'armes nucléaires, les États devraient prendre des mesures urgentes pour prévenir le risque d'utilisation accidentelle ou délibérée d'armes nucléaires.

Cérémonies en mode Covid-19

Le contexte particulier de la pandémie de coronavirus a contraint à limiter cette année les hommages aux victimes. Des survivants de la bombe atomique, des descendants de victimes, le Premier ministre japonais Shinzo Abe et quelques représentants officiels étrangers ont participé à la principale cérémonie du souvenir en début de matinée à Hiroshima (ouest du Japon), la plupart portant des masques. Le grand public en revanche n'avait pas été convié à l'événement en raison du Covid-19, et a dû se contenter de suivre la cérémonie en ligne. D'autres événements ont été complètement annulés, dont la cérémonie des lanternes flottantes de Hiroshima, déposées à la tombée de la nuit chaque 6 août en mémoire des victimes.

Rappel historique

La bombe "Little Boy" a fait environ 140.000 morts à Hiroshima. De nombreuses victimes ont été tuées sur le coup, et beaucoup d'autres sont décédées des suites de leurs blessures ou des radiations dans les semaines et les mois suivants. Trois jours plus tard, une deuxième bombe A américaine était larguée sur Nagasaki (sud-ouest), causant 74.000 morts supplémentaires. Ces deux bombes d'une puissance destructrice inédite à l'époque ont achevé de mettre le Japon à genoux: le 15 août 1945, l'empereur Hirohito annonçait à ses sujets la capitulation face aux Alliés, signant ainsi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les historiens continuent cependant de débattre sur la question de savoir si cette double attaque nucléaire a réellement permis d'épargner davantage de vies en précipitant la fin du conflit. Beaucoup considèrent comme des crimes de guerre les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, de par l'ampleur sans précédent de leurs dévastations et leur grand nombre de victimes civiles.

Les survivants veulent transmettre la mémoire aux générations suivantes

Quelque 136.700 survivants de Hiroshima et Nagasaki, appelés "hibakusha" au Japon, vivent encore aujourd'hui. Mais avec un peu plus de 83 ans d'âge moyen, leurs forces diminuent et ils cherchent à passer le relais du témoignage aux nouvelles générations. Avec l'aide d'autres militants contre l'arme atomique, des hibakusha ont créé des archives de leur mémoire, que ce soit sous forme de témoignages enregistrés, de poèmes ou de dessins. En dépit de ces initiatives, beaucoup redoutent une perte d'intérêt pour leur héritage quand ils ne seront plus là, et ce bien que la menace nucléaire reste toujours d'actualité.

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