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Conférence de Bahreïn: Kushner exhorte les Palestiniens à saisir "l'occasion du siècle"

Jared Kushner, conseiller du président Donald Trump, a exhorté mardi les Palestiniens à saisir "l'occasion du siècle", à l'ouverture à Bahreïn d'une conférence sur le volet économique d'un plan américain de règlement au Proche-Orient, un préalable selon lui à un accord de paix.

Les Palestiniens boycottent la conférence de Manama. Ils jugent la démarche inopportune sans une solution des questions politiques, pourtant au coeur du conflit au Proche-Orient.

La politique suivra, estime l'administration Trump. Pour l'instant, son plan se concentre sur des propositions économiques, présentées pendant deux jours "d'atelier" dans un palace de Bahreïn.

Intitulé "De la paix à la prospérité", le volet économique du plan fait miroiter 50 milliards de dollars d'investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans.

"Accepter une voie de développement économique est une condition préalable pour parvenir à régler ce problème politique auparavant insoluble", a affirmé dans son discours d'ouverture Jared Kushner, également gendre du président Trump.

Bien que les questions politiques ne doivent pas être abordées au cours des deux jours de travaux à Manama, il a reconnu qu'elles devraient être traitées ultérieurement.

"Il faut être clair", a-t-il déclaré. "La croissance économique et la prospérité pour le peuple palestinien ne pourront être atteints sans une solution politique juste et durable, qui garantisse la sécurité d'Israël et respecte la dignité du peuple palestinien".

- Rejet a priori -

"Mon message direct au peuple palestinien est que (...) le président Trump et l'Amérique ne vous ont pas abandonnés", a-t-il encore dit.

Ce plan de développement économique pourrait être "l'occasion du siècle, si la direction (palestinienne) a le courage de la saisir", a insisté Jared Kushner.

Un avis que n'a pas partagé le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat. "L'administration Trump a non seulement abandonné la Palestine, mais aussi la paix, la justice et les principes de base d'humanité", a-t-il tweeté.

Prenant la parole immédiatement après Jared Kushner, le magnat de l'immobilier de Dubaï Mohamed Alabbar a soutenu que le développement économique des territoires palestiniens pourrait se faire rapidement. Avec un "bon environnement dans lequel agir, il n'y a pas de limite à ce qui peut être fait", a-t-il affirmé.

"La question palestinienne est quelque chose qui me tient à coeur", a affirmé M. Alabbar, qui possède notamment la tour Burj Khalifa de Dubaï, le plus haut gratte-ciel du monde.

Selon Washington, le plan pourrait permettre, grâce à de grands travaux et le développement du tourisme, la création d'un million d'emplois pour des Palestiniens englués dans une crise économique.

Mais les Palestiniens ont dès le départ rejeté cette initiative, estimant qu'il s'agissait, de la part d'un Trump ouvertement pro-israélien, de tenter de les acheter.

Des milliers de Palestiniens ont manifesté mardi en Cisjordanie occupée contre la conférence de Bahreïn. Dans la bande de Gaza, la plupart des magasins et restaurants étaient en grève.

Les Etats-Unis se félicitent de la tenue de cette conférence, qui réunit ses alliés du Golfe et Israël, unis dans leur hostilité envers l'Iran.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a aussi critiqué le boycott palestinien, a évoqué au cours des derniers mois la possibilité d'annexer une partie des territoires occupés, ce qui mettrait fin aux espoirs des Palestiniens de parvenir à fonder leur propre Etat.

L'administration américaine a laissé entendre qu'elle pourrait accepter cette annexion et que le volet politique de son plan pourrait ne pas faire référence à un Etat palestinien, contrairement à la position américaine depuis des décennies.

- Un succès ? -

Le président Trump a déjà reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et Jared Kushner est un ami de la famille Netanyahu.

L'Arabie saoudite, qui a envoyé à Manama son ministre des Finances, a dit soutenir "tous les efforts internationaux destinés à parvenir à la prospérité dans la région". Mais elle s'est également prononcé en faveur d'une paix "totale et juste" et réitéré son soutien à l'établissement d'un Etat palestinien.

La Jordanie et l'Egypte, les deux seules nations arabes ayant signé un accord de paix avec Israël, ont envoyé à Manama des fonctionnaires, de même que le Maroc.

En l'absence des principaux intéressés, la conférence ne devrait pas parvenir à des résultats tangibles, estiment les experts.

Selon Richard LeBaron, ancien diplomate américain au Moyen-Orient, l'absence des dirigeants palestiniens va permettre à Jared Kushner de les décrire comme des personnes faisant fi du bien-être économique de leur peuple.

"L'échec de l'atelier de Manama sera en fait un succès pour la stratégie de Trump", juge M. LeBaron, du groupe de réflexion Atlantic Council. "Cela permettra à Kushner et son équipe de prétendre qu'ils ont tout fait pour parvenir à une solution et de reprocher à d'autres leur manque de coopération".

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