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A Davos, Trump face aux chantres de la mondialisation

L'"Amérique d'abord" s'invite chez les chantres de la mondialisation: la venue de Donald Trump bousculera la semaine prochaine le rendez-vous habituellement feutré de l'élite politique et économique à Davos.

L'édition 2018 du Forum économique mondial (WEF), de mardi à vendredi dans cette station de ski huppée de l'est de la Suisse, promettait d'être, comme chaque année, une grand-messe policée.

70 chefs d'Etat ou de gouvernement, des millionnaires, des patrons et des stars sont conviés autour d'un programme pétri de bonnes intentions: "Construire un avenir commun dans un monde fracturé".

Mais le mot d'ordre consensuel sera mis à l'épreuve par la participation surprise de l'imprévisible président américain - le premier à venir depuis Bill Clinton en 2000.

"La contradiction avec le slogan +l'Amérique d'abord+ est plutôt raide", souligne auprès de l'AFP Douglas Rediker, de la Brookings Institution, ancien représentant américain au Fonds monétaire international (FMI) sous l'administration Obama.

Il s'attend à des "discordances, même si le président se montre sous son jour le plus diplomatique. Et ce n'est pas le moindre des +si+".

Un an presque jour pour jour après son discours d'investiture aux accents populistes, Donald Trump, flanqué de tout son état-major ou presque, veut jouer "la pom-pom girl" ("cheerleader") de la robuste croissance américaine, du taux de chômage au plancher et des records de la bourse de New York, a-t-il confié au Wall Street Journal.

Son discours vendredi sera le point d'orgue des tables rondes, dîners et autres séances de méditation à 1.550 mètres d'altitude, animés par cette même élite internationale que le 45ème président américain pourfend régulièrement.

Il y aura là de grands financiers, par exemple George Soros et Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs, pris pour cible pendant la campagne de l'ancien magnat de l'immobilier.

- "Trump not welcome" -

Mais aussi des personnalités mobilisées contre le réchauffement climatique, effarées par le retrait américain du grand accord de Paris. Et des représentants de pays africains, que Donald Trump aurait décrit récemment comme des "pays de merde", selon des médias.

Davos accueillera aussi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, en plein bras de fer commercial avec les Etats-Unis, ou la Première ministre britannique Theresa May, déjà visée par l'un des tweets rageurs dont @realDonald Trump est coutumier.

Le milliardaire républicain, accusé par plusieurs femmes de comportements sexuels déplacés, s'invite par ailleurs dans une édition 2018 du WEF ayant justement choisi de mettre à l'honneur la lutte contre le harcèlement, ou la quête d'égalité salariale.

Les organisateurs ont confié la vice-présidence des débats à six femmes, dont Isabelle Kocher (Engie), Erna Solberg (Première ministre de Norvège) et Christine Lagarde, patronne du FMI. Derrière ces postes honorifiques, Davos reste un événement d'hommes, avec seulement 21% de participantes.

L'actrice australienne Cate Blanchett pourrait elle y incarner le mouvement #metoo, cette déferlante contre le harcèlement sexuel, née à Hollywood.

Des rassemblements "Trump not welcome" sont par ailleurs prévus mardi à travers la Suisse: à Zurich, Genève, Lausanne, Fribourg et Neuchâtel.

Du haut de sa station de ski ultra-sécurisée, le microcosme de Davos cherchera lui de nouveaux porte-paroles de la mondialisation et du libre échange. En 2017, le président chinois Xi Jinping avait endossé ce costume et conquis un auditoire encore sous le choc conjugué du Brexit et de l'élection américaine.

Le président français Emmanuel Macron, qui avait répondu "Make the planet great again" au "Make America great again" de son homologue américain, séduira-t-il mercredi ses auditeurs? Il partagera la vedette le même jour avec Angela Merkel, qui s'est invitée à la dernière minute.

Les participants pourraient aussi avoir les yeux de Chimène pour le Premier ministre indien Narendra Modi, attendu mardi, ou pour la délégation saoudienne, qui viendra vanter les réformes économiques et sociétales du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane.

Par-delà les dissensions, Donald Trump et les élites de Davos trouveront toutefois un motif commun de se réjouir: la solide croissance mondiale que devraient confirmer lundi de nouvelles prévisions du FMI.

Une croissance profitant surtout aux plus fortunés, comme se fera fort de le rappeler l'ONG Oxfam, qui publie son rapport annuel sur les inégalités lundi également.

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