Accueil Actu

A Hong Kong, des soins gratuits pour remettre les plus précaires sur pied

Délicatement, une manucure hongkongaise retire le film plastique qui enveloppe les pieds abîmés d'un vieil homme. La peau est noircie et craquelée, les ongles épais et déformés, mais elle ne flanche pas.

Une à deux fois par mois, Cass Ng et des bénévoles troquent leur collection de vernis pour des ciseaux, des limes et une ponceuse à ongle électrique.

Son initiative, baptisée Change, propose de prodiguer gratuitement des soins aux pieds des personnes âgées les plus précaires et qui peinent à trouver ce type de traitement.

"Nous voulons d'autant plus rendre service à ces personnes parce qu'elles manquent d'amour", explique la manucure Cass Ng, 37 ans, à l'origine de cette initiative.

Après trois années à être la seule à tenter de soulager ces personnes de leur souffrance, elle a eu l'idée de créer une association à vocation sociale.

Les bénéficiaires sont le plus souvent des personnes âgées de plus de 65 ans qui, vivant de l'aide sociale, n'ont pas les moyens de s'offrir les services très coûteux d'un professionnel médical du secteur privé.

Hong Kong dispose pourtant d'une importante offre publique de soins mais nombre d'habitants se plaignent d'interminables listes d'attente afin d'obtenir une consultation. Ce délai, bien souvent, conduit à une aggravation de leur état.

Parmi eux, Martin Sun, qui souffre depuis des années d'ongles incarnés et de mycoses. Pour la première fois, il confie ses pieds à Mme. Ng.

- Un immense soulagement -

Cette pédicure a été pour lui un immense soulagement. "Sinon, je le ferais moi-même, je me pencherais, puis je prendrais une grande respiration et j'endurerais la douleur", soupire le septuagénaire à l'idée pénible de s'en charger lui-même.

Kwan Lung est ressortie avec un large sourire du centre social de Kwai Chung, sur la partie continentale du territoire.

Levant les pouces en l'air en signe de satisfaction, cette grand-mère de 86 ans raconte comment elle a "transpiré à grosses gouttes" quand, à plusieurs reprises, elle s'est fait sa pédicure.

Pour Mme Ng, ne pas traiter les mycoses des ongles - problème le plus fréquent chez ceux qu'elle soigne – peut compliquer leur marche.

"Petit à petit, ils pourraient avoir tendance à ne plus sortir et à s'isoler", affirme-t-elle.

"Si on s'occupe de leurs ongles, ils se sentent plus à l'aise avec leurs pieds et peuvent se promener et discuter avec des amis".

La professionnelle ne cache pas être parfois confrontée à une mauvaise hygiène de certains patients.

"Quand on fait une manucure, l'odeur et le niveau de saleté sont parfois très difficiles à supporter", reconnait-elle.

La trentenaire se souvient combien il lui a été difficile de s'occuper d'un homme particulièrement sale, mais après "six mois à un an, sa situation a changé".

"Ce service ne devrait pas être limité aux centres sociaux mais à tous les Hongkongais qui pourraient en avoir besoin", souligne cette professionnelle qui espère qu'à l'avenir, tout le monde sera sur un même pied d'égalité.

À lire aussi

Sélectionné pour vous