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A Koweït, Tillerson appelle la coalition à rester concentrée sur l'EI

Le chef de la diplomatie américaine a appelé mardi, à Koweït, la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI) à ne pas baisser la garde devant la menace jihadiste, malgré les succès militaires en Irak et en Syrie.

La réunion de cette coalition antijihadistes menée par les Etats-Unis coïncide avec le deuxième jour d'une conférence internationale sur la reconstruction de l'Irak organisée à Koweït, où le secteur privé est très courtisé pour ce chantier titanesque.

"Lorsque nous avons lancé notre opération" en 2014, "l'EI prospérait", a rappelé Rex Tillerson. Aujourd'hui, l'organisation extrémiste "est en train de perdre", a ajouté le secrétaire d'Etat américain devant les représentants des 75 pays et institutions internationales membres de la coalition, dont le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé il y a deux mois la "fin" de la guerre contre les jihadistes de l'EI, qui s'étaient emparés d'un tiers de l'Irak à partir de 2014, menaçant l'existence même de l'Etat.

Mais si "environ 98% du territoire jadis contrôlé par l'EI en Irak et en Syrie a été libéré", le groupe "demeure une menace sérieuse", a prévenu Rex Tillerson.

Et la vigilance reste d'autant plus de mise que les nouvelles tensions en Syrie, en particulier avec l'opération turque contre l'enclave kurde d'Afrine (nord-ouest), affaiblit la lutte antijihadiste, a-t-il estimé.

Lancée le 20 janvier, cette offensive turque "a détourné (la coalition internationale du) combat contre l'EI dans l'est de la Syrie", puisque "des forces (kurdes) se sont dirigées vers" Afrine, a déploré M. Tillerson.

La force kurde visée par la Turquie a été la principale alliée de la coalition internationale antijihadistes en Syrie.

Rex Tillerson se rendra jeudi et vendredi à Ankara pour des entretiens qui s'annoncent tendus.

"Notre travail n'est pas terminé (...). La victoire viendra quand l'EI n'aura plus d'endroit à partir duquel opérer; quand il ne représentera plus une menace pour nos pays et qu'il ne pourra plus propager son idéologie de haine", a renchéri la coalition dans un communiqué.

- 'Risque élevés, rendements élevés' -

Au deuxième jour de ses travaux, la conférence sur la reconstruction de l'Irak a elle vu les responsables du pays présenter des garanties juridiques aux donateurs et investisseurs, sollicités pour rebâtir les dizaines de milliers d'habitations, écoles, hôpitaux ou infrastructures détruites par des années de combats.

"L'Irak est ouvert aux investisseurs", a assuré Sami al-Araji, président de la Commission irakienne de l'investissement, devant près de 2.000 représentants d'entreprises internationales auxquels il a promis un haut degré de protection.

Les investisseurs auront ainsi la possibilité de créer des compagnies de droit irakien, de transférer des fonds et de bénéficier d'allègements fiscaux. Ils seront également exonérés de droits de douane et d'impôt sur le revenu pour dix à 15 ans, a déclaré à l'AFP Nizar Nasser Hussein, le chef du département juridique de la Commission.

"Les risques sont élevés, mais les rendements aussi", a résumé M. Araji.

M. Abadi a de son côté assuré que son gouvernement avait commencé à se battre contre la bureaucratie et la corruption avec un "programme de réformes économiques". Mais de nombreux investisseurs semblent encore prudents devant un des pays les plus corrompus au monde.

"Quelles genre de garanties vont-ils donner que la corruption ne va pas jouer, y compris sur la concurrence?", s’est interrogé Mohamed Alem, du cabinet d'avocats libanais Alem and Associates, tout en saluant "des réformes importantes".

- Réconciliation nationale -

Ravagé depuis les années 1980 par les guerres à répétition et un long embargo, l'Irak a présenté plus de 200 projets visant à reconstruire le pays. Ils comprennent la construction de raffineries de pétrole et de centrales électriques, la réhabilitation d'aéroports, ou encore de chemins de fer et de routes.

Le pays prévoit d'augmenter sa capacité de production de pétrole à sept millions de barils par jour contre environ cinq millions actuellement ainsi que celle de gaz.

Lundi, à l'ouverture de la conférence, qui réunit des centaines de responsables politiques, d'ONG et d'hommes d'affaires, le ministre de la Planification, Salmane al-Joumeili, avait chiffré la note de la reconstruction: 88 milliards de dollars (71 milliards d'euros).

Des ONG ont annoncé une levée de fonds pour soutenir les opérations humanitaires de plus de 330 millions de dollars.

Mais la reconstruction de l'Irak, où quelque 138.000 maisons sont endommagées et 2,5 millions de personnes déplacées, nécessitera plus que de l'argent, ont souligné plusieurs responsables.

Le pays a besoin de réconciliation nationale entre chiites et sunnites et trouver une solution au différend qui oppose le pouvoir central à la région autonome du Kurdistan. "Un gouvernement inclusif, responsable et transparent construit une société capable de contrer les idéologies extrémistes", a lancé Rex Tillerson.

M. Le Drian a pour sa part appelé à ce qu'aucune région d'Irak ne soit laissée de côté, insistant sur "le Kurdistan qui a pris plus que sa part du fardeau".

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