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A l'université, organiser les examens malgré les blocages et les cours annulés

Délocalisation des examens, aménagement des évaluations, présence de vigiles voire de policiers: après des semaines de blocages et de cours annulés, les universités touchées par la contestation contre la réforme de l'accès à la fac doivent innover pour organiser les partiels de fin d'année.

La Conférence des présidents d'université (CPU) souhaite "maintenir autant que possible le calendrier des examens qui s'étale dans certaines facs jusqu'en juin", affirme un de ses membres, Pierre Mutzenhardt, de l'université de Lorraine. "Les repousser fait courir le risque d'empiéter sur juillet, avec un mois de loyer supplémentaire à payer et un job d'été en péril, une charge pour les étudiants les moins aisés".

"Mais la situation diffère selon les sites. Il faudra vraisemblablement retarder la tenue des partiels dans les universités où la mobilisation a été forte et qui, pour certaines, restent occupées", ajoute-t-il.

A Nanterre, bloquée depuis mi-avril, des aménagements sont prévus: validation via les notes de contrôle continu, devoirs à la maison, report des examens, etc.

La direction de Jean-Jaurès, à Toulouse, bloquée depuis début mars, a demandé aux enseignants du département langues d'organiser des examens en ligne, qui ne pourront de toute façon pas démarrer avant mi-juin, indique Alexa Craïs, qui y enseigne l'allemand.

Certains profs s'y opposent en raison du faible nombre d'heures de cours dispensés aux étudiants. Et d'autres soulignent que les notes du premier semestre n'ont même pas pu être entrées dans le système car des locaux sont inaccessibles depuis début février. "Mes copies du premier semestre sont bloquées dans mon bureau", déclare Laurent Hautefeuille, maître de conférence en archéologie.

Le site de Tolbiac, qui dépend de l'université Panthéon-Sorbonne (Paris-1), a lui été évacué le 20 avril après un mois d'occupation par des opposants à la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée d'instaurer une sélection déguisée.

Mais le bâtiment de 22 étages nécessite plusieurs semaines de rénovation et les 18.000 étudiants qui devaient y passer leurs examens en mai se rendront dans des centres en banlieue parisienne, à Rungis ou Noisy-le-Grand.

- "Pas d'examen, pas de note" -

Le calendrier a été étendu jusqu'à la fin du mois et les examens ne porteront que sur les cours qui ont été assurés. "Tout est fait pour ne pas pénaliser les étudiants mais l'exigence reste la même", déclare la direction de Paris-1.

Pour les copies rendues avec l'inscription "Etudiant en grève", leurs auteurs seront convoqués à la session de rattrapage en juin. Quant aux examens annulés du fait de professeurs opposés à la loi ORE --c'est le cas d'une dizaine de partiels qui étaient prévus à Rungis--, ils sont repoussés fin mai. Et si la situation n'évolue pas d'ici là? "Il n'y a pas encore eu de décision à ce sujet", indique l'université.

A Paris-8, bloquée depuis un mois, les enseignants de certains départements prônent "la validation universelle" (note identique pour tous, supérieure à la moyenne). Eric Lecerf, directeur du département de philosophie, a déclaré lors d'une AG qu'il l'appliquerait.

Une enseignante du département Arts y est toutefois opposée: "C'est balancer par-dessus la fenêtre tout le travail accompli et c'est un faux service qu'on rend aux étudiants", dit-elle sous couvert de l'anonymat.

La consigne de la Conférence des présidents d'université est ferme: "Pas de note sans le passage d'un examen."

A Rennes-2, elle aussi bloquée depuis un mois, les examens devraient se dérouler au sein de l'université mais la direction prévoit des adaptations, avec moins de notes et des évaluations de remplacement (dossier, oral etc.).

Sur plusieurs campus, les directions ont par ailleurs fait appel à des vigiles pour filtrer les entrées dans les salles d'examen.

Des étudiants sont cependant parvenus jeudi à bloquer l'entrée de 700 candidats à une épreuve de langues étrangères à Strasbourg, repoussée à une date ultérieure.

A la fac de lettres et sciences humaines de Nancy, bloquée un mois, les forces de l'ordre sont intervenues cette semaine pour permettre aux étudiants de passer un examen d'anglais. Sous les cris des opposants qui scandaient: "Pas de partiel avec les keufs!"

burs-fmp/jt/shu

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