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A Marseille, des milliers de manifestants contre "la casse du service public"

Des retraités, des professeurs, mais aussi des infirmières et des employés de supermarché dans la rue: à Marseille, la marche contre "la casse du service public" a rassemblé des manifestants unis par leur colère contre le gouvernement.

"Motivés, motivés!": c'est au son du tube des Toulousains de Zebda que le cortège marseillais s'est ébranlé en fin de matinée, sous le soleil. Des milliers de personnes ont répondu à l'appel de plusieurs syndicats (CGT, Force ouvrière, Solidaires, l'Unef, la FIDL et l'UNL), 40.000 selon la CGT, 5.300 selon la police.

Les manifestants de tous âges et tous horizons partagent la même colère "contre la casse du service public", comme le proclament plusieurs pancartes dans la foule.

"Quand je vois qu'on va verser toujours plus de dividendes aux actionnaires alors que l'hôpital, l'école, les chômeurs trinquent, je suis hors de moi!", résume Cécile Baron, chercheuse au CNRS. La trentenaire manifeste avec sa fille, dont l'école maternelle est fermée ce mardi. La fillette, munie d'une baguette magique, porte une pancarte "l'avenir est à nous".

"L'école n'a plus de moyens, dans sa classe ils sont 31", déplore Mme Baron. "Dans la recherche fondamentale, les budgets sont en chute libre et on nous demande d'être rentables, mais c'est impossible dans ce domaine!".

La baisse des moyens, au détriment du bien-être commun: c'est aussi le constat dressé par les assistantes sociales des Maisons de solidarité de la cité phocéenne, qui dépendent du conseil départemental. "On n'a plus les moyens de travailler, on n'est que 9 travailleurs pour 280 enfants placés à la MS de la Belle de mai", explique Pauline Rossell, transformée en femme-sandwich avec sa pancarte pour "la protection de l'enfance".

"Il y a une crise du placement, on a des gosses, notamment des mineurs isolés, qui restent dans nos bureaux jusqu'à 23H00", décrit-elle.

- Des centaines de retraités -

Dans la foule des manifestants, où les drapeaux, en majorité de la CGT, sont agités par la brise, se trouvait la porte-voix des salariés d'Ehpad privés, Hella Kherief.

Cette aide-soignante marseillaise a dénoncé à plusieurs reprises, notamment dans l'émission Envoyé spécial, les conditions de travail des salariés d'Ehpad privés et les mauvais traitements qui en découlaient pour leurs résidents.

"Aujourd'hui j'ai été licenciée d'un hôpital privé dans lequel je travaillais, au lendemain de la diffusion de l'émission", raconte la jeune femme, derrière de grandes lunettes de soleil, "je suis black-listée".

Elle est soutenue par Virginie Cassignol, de l'Union locale de la CGT, pour qui "l'Etat est responsable car il finance la partie +soins+ de ces Ehpads privés par le biais de l'ARS, donc nous demandons plus de contrôle public de ces établissements".

Parmi les déçus du gouvernement, les retraités ont rassemblé des centaines de manifestants sur la Canebière. La revalorisation des retraites était au coeur de leur mobilisation, mais aussi, pour une cinquantaine d'entre eux, vêtus de gilets oranges "défense des victimes de l'amiante", la reconnaissance de leur maladie professionnelle.

"On est tous des anciens salariés du chantier naval de La Ciotat", a expliqué Louis Chabaud, 68 ans. "On veut mettre la pression à l'Etat pour qu'il reconnaisse enfin notre préjudice".

Après avoir remonté la Canebière et le cours Lieutaud, le cortège s'est dispersé place Castellane à la mi-journée.

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