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A Mossoul, des femmes courent un "marathon" symbolique pour leurs droits

Elles sont environ 300, en T-shirt blanc, sur la ligne de départ: la ville irakienne de Mossoul reprise en juillet aux jihadistes a célébré jeudi la journée des droits des femmes en tenant le premier "marathon" féminin de son histoire.

La course est surtout un prétexte, explique son organisatrice, Fatima Khalaf, 30 ans, car le parcours du "marathon féminin de Mossoul" ne fait que 900 mètres, sur une seule avenue. Mais les trophées qu'elle remet aux premières arrivées sont bien réels.

Tout comme l'est l'objectif de tenir un événement public féminin dans une ville connue pour son conservatisme et dans laquelle les jihadistes ont fait la loi dans de nombreux secteurs pendant des années.

"Avec ce marathon, nous voulons redonner à la femme sa place, alors qu'elle a longtemps été tenue à l'écart" à Mossoul, affirme-t-elle à l'AFP.

Située dans le nord du pays, la ville était devenue en 2014 la "capitale" irakienne du "califat" auto-proclamé du groupe Etat islamique (EI), après avoir été plusieurs années sous la coupe d'autres groupes extrémistes.,

Trophée de championne en main après être arrivée la première, Najla Abdelhadi se dit "très heureuse". Avec cette victoire, ajoute aussitôt cette étudiante en éducation sportive de 24 ans, elle entend "envoyer un message aux femmes de Mossoul pour qu'elles s'activent à prendre leur place dans la société".

Sur le parcours, de nombreuses femmes avaient fait le déplacement. Parmi les organisatrices, certaines brandissaient des pancartes rappelant les dures réalités subies par les Irakiennes: "Assez du mariage des mineures!", "Brise ton silence et dis 'non'!" ou encore "J'ai le droit de m'exprimer librement".

Dans la foule, des hommes étaient présents également, comme Moustapha Qaïss, 24 ans, portant la pancarte "Je soutiens les femmes pour qu'elles obtiennent les mêmes droits que les hommes".

Au cours des trois années durant lesquelles ils ont occupé près d'un tiers du territoire irakien, les jihadistes de l'EI ont imposé à des centaines de milliers de femmes leur vision rigoriste de l'islam, recourant aux châtiments corporels et aux exécutions.

Dans la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu, ils ont également fait subir viols, enlèvements, esclavage et traitements inhumains à des milliers de femmes et d'adolescentes, en particulier celles issues de la minorité yazidie.

Depuis que les forces irakiennes ont repris Mossoul en juillet, les activités culturelles, notamment mixtes ou impliquant des femmes, sont en plein boom, une réaction à trois d'années d'interdiction de toute activité déclarée "péché" par les jihadistes, assurent les habitants.

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