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A New York, la joie de la naturalisation malgré le débat migratoire

Argenoves Pinales, originaire de République dominicaine, vient de se faire naturaliser Américain. Il rêve maintenant de devenir policier new-yorkais, et de voter contre Donald Trump en 2020.

"Tout le monde chez moi est Américain, donc ils me disaient, +Il faut que tu le deviennes, comme ça s'il arrive quelque chose, tu pourras rester+", dit Argenoves Pinales, 25 ans, qui cumule deux emplois, d'aide médical et de manager d'un restaurant. Mais "je suis devenu citoyen pour pouvoir voter", dit-il.

Argenoves Pinales fait partie d'un groupe de 200 immigrés venus de 47 pays qui ont été naturalisés mardi, à la veille de la fête de l'indépendance américaine, lors d'une cérémonie à la grande bibliothèque de New York.

Alors que Donald Trump a fait de la réduction du flux de migrants un de ses principaux chevaux de bataille, Pinales est décidé à user de son nouveau droit de vote pour l'arrêter.

"Quand il parle, il ne s'agit que de lui, lui, lui. Il est riche, il a de l'argent, alors il se fiche des pauvres", dit-il.

Quelque 14.000 personnes doivent être naturalisées aux Etats-Unis entre le 28 juin et le 10 juillet.

Malgré le durcissement migratoire actuel, le nombre de visas permanents délivrés reste pour l'instant supérieur aux premières années de la présidence Obama, selon une enquête du Washington Post.

Le nombre de visas accordés devrait baisser de 12% sur les deux premières années de l'administration Trump, selon les projections du journal, avec d'importantes variations selon les pays d'origine.

La baisse pourrait atteindre 81% d'ici fin septembre pour les cinq pays à majorité musulmane (Iran, Libye, Somalie, Syrie et Yémen) dont les ressortissants sont désormais interdits d'entrée aux Etats-Unis, en vertu d'un décret migratoire controversé mais validé par la Cour suprême américaine la semaine dernière.

Les visas pour les ressortissants africains devraient eux baisser de 15%.

- Message du président -

Malgré le discours anti-immigration de l'administration Trump, le message pré-enregistré du 45e président américain souhaitant la bienvenue aux nouveaux citoyens a été salué par des applaudissements lors de la cérémonie de mardi.

Beaucoup de nouveaux naturalisés ne cachaient pas leur joie, levant le pouce, agitant de petits drapeaux américains, ou envoyant un baiser de la main à leurs amis ou leurs parents venus assister à la célébration.

"En dépit de ses défauts, et nous en avons beaucoup, ce pays est formidable", leur a lancé Tony Marx, président de la prestigieuse bibliothèque de la 5e Avenue, les appelant à s'engager pour la démocratie.

"Quand vous voyez le pays prendre une direction avec laquelle vous n'êtes pas d'accord, que ce soit à gauche ou à droite, peu importe... Vous êtes maintenant des citoyens et vous devez agir comme des citoyens, que ce soit dans l'isoloir, dans les rues, à des réunions", a-t-il fait valoir.

Au-delà du débat explosif sur l'immigration, enflammé ces dernières semaines par la séparation des enfants de leurs parents clandestins à la frontière mexicaine, beaucoup de nouveaux naturalisés semblaient estimer que seule l'immigration légale est défendable.

Sur sept personnes interrogées par l'AFP à la cérémonie, seul M. Pinales était ouvertement critique de Trump.

Aziz Traore, 23 ans, arrivé à sept ans aux Etats-Unis depuis le Mali, a dit lui "comprendre (les arguments) des deux camps".

Loin de condamner des propos de Donald Trump qui avait en janvier, selon des participants à une réunion à la Maison Blanche, qualifié les pays africains de "pays de merde", Aziz Traore a dit "connaître beaucoup de pays du tiers monde où il y a beaucoup de criminalité et de problèmes avec le gouvernement".

"Ils veulent que le pays soit sûr, et en même temps les gens veulent retrouver leur famille, donc mes sentiments sont partagés", a expliqué ce résident du Bronx.

"C'est quand même lui le président", a estimé de son côté Drvan Victorin, 19 ans, originaire de la petite île de Sainte-Lucie aux Antilles, en quête d'une vie meilleure.

"Il sait ce qui est mieux pour nous", a-t-il ajouté. "Donc je pense qu'il a de bonnes raisons d'agir comme ça".

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