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A Saint-Nazaire, les sauveteurs de la SNSM apprennent à gérer "l'imprévu et l'urgence"

"SNS 242 de SNS 125, j'écoute": cinq stagiaires de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) s'entraînent au pôle national de formation à Saint-Nazaire pour devenir patron de vedette, "un engagement" bénévole mis en lumière par le récent drame des Sables-d'Olonne.

"Sécurité...sécurité...Crossa Etel...pour la météo...": sous le soleil de 14H00, deux vedettes oranges de la SNSM se dirigent vers le sas de la base sous-marine de Saint-Nazaire.

A bord, cinq formateurs et cinq stagiaires bénévoles suivent jusqu'à lundi des sessions théoriques et pratiques en vue de décrocher leur diplôme de patron de vedette, la qualification la plus haute sur ces bateaux dédiés au secourisme.

Pour accéder à ce dernier palier, soumis à évaluation, ils ont dû effectuer un premier stage de navigation dans des conditions complexes.

"SNS 242 de SNS 125, on est accroché, on met sous tension", annonce dans la radio Eric Bertho, 26 ans dont sept à la station voisine de Pornichet (Loire-Atlantique), en pleine opération de remorquage sur la vedette SNS 242, qui sert de cobaye pour l'exercice.

Ce jour-là, la mer est calme dans la baie du Pouliguen, tout juste voilée par une brume de chaleur. Mais le protocole et les gestes des marins sont précis. Il faudra savoir les reproduire dans des interventions extrêmes.

Tous ont en mémoire le récent drame des trois sauveteurs qui ont péri le 7 juin au large des Sables-d'Olonne après le chavirement du Jack Morisseau sorti en pleine tempête Miguel pour porter assistance à un bateau de pêche.

"Ça interroge, mais ce n'est pas pour autant qu'on va baisser les bras", confie Olivier Duno, polo floqué de l'écusson de la station SNSM de Pointe-à-Pitre, avec soleil et palmiers.

Avec les autres stations de Guadeloupe, ce patron suppléant a participé à l'hommage national. "Un bon sauveteur est un sauveteur vivant. Le patron doit avoir ça en tête, ne pas mettre l'équipage en jeu pour la vie d'une personne", estime le quinquagénaire, professeur de technologie dans un collège.

- "Etre paré face au danger" -

Après deux remorquages assez techniques, les exercices se poursuivent avec une simulation d'incendie en mer: rapidement, les sauveteurs doivent apprécier la situation, sortir une lourde pompe, brancher les tuyaux, le tout guidés par le stagiaire désigné patron, aux ordres clairs et précis.

"Passer patron c'est un engagement plus fort, on a la responsabilité de l'équipage. Il y a une prise de conscience", souligne M. Duno, précisant que face au danger inhérent à chaque sortie, "il faut être paré".

Un bon chef, "c'est une personne capable de diriger dans l'imprévu et l'urgence, en gardant son calme", tout en sachant "déléguer et faire confiance", affirme Pascal Fort, formateur des sauveteurs embarqués après une carrière dans l'armée.

La "boite à outils" délivrée pendant ces quatre jours est complémentaire à "la vraie culture de compagnonnage en station", ajoute-t-il.

Mais c'est aussi "la cohésion du groupe qui fait que ça marche aussi en intervention", souligne M. Bartho, menuisier ébéniste par ailleurs très impliqué dans sa station où il a trouvé "une deuxième famille".

La formation des stagiaires est payée par les stations et des partenaires de la SNSM. Calibrée pour huit personnes maximum, elle coûte environ 8.000 euros à une association qui vit majoritairement des dons et du mécénat.

Vendredi et samedi, la SNSM organise ses journées annuelles de collecte avec des animations à Paris et en régions: un passage obligé pour alimenter ses caisses.

"On est sur des sommes assez importantes, les formations coûtent cher, il y a du matériel, un simulateur ici (...) Il faut qu'on soit en capacité de garantir un niveau de formation", pointe Laurent Nedorezoff, directeur de la formation des sauveteurs embarqués.

Le pôle national de formation remplacera en 2020 son actuelle vedette qui avait coûté 800.000 euros à l'achat, après plus de 30 ans de loyaux services dans toute la France.

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