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A Toronto, le grand retour de Steve McQueen avec une ode aux femmes

Quatre ans après son Oscar pour "12 years a slave", le réalisateur britannique Steve McQueen est revenu sous les projecteurs dimanche avec la présentation au Festival de Toronto de son nouvel opus, "Widows" ("Les Veuves"), un film coup de poing qui fait la part belle aux femmes.

Avec en vedette Viola Davis, première actrice noire en lice pour trois Oscars (elle en a remporté un pour "Fences" l'an dernier), "Widows" est une adaptation d'une série britannique éponyme de 1983. Une série que McQueen regardait quand il était adolescent et qui lui "parlait en tant que garçon noir de 13 ans à Londres".

Dans cette série, l'histoire de femmes qui prennent leur destin en main après la mort de leurs conjoints dans un braquage, "ces quatre femmes étaient jugées sur leur apparence plutôt que sur leur personnalité", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse au festival international du film de Toronto (TIFF), où il présentait son film en première mondiale. "Et à l'époque c'était également mon cas."

Dans le film de 2018, Viola Davis incarne Véronique, qui mène une vie confortable à Chicago grâce aux activités criminelles de son conjoint Rawlins (Liam Neeson). Jusqu'au jour où Rawlins et ses trois complices sont tués dans un braquage qui tourne mal.

Lorsqu'un malfrat local et son bras droit viennent réclamer l'argent du butin à Veronica, celle-ci parvient à enrôler les trois autres veuves (jouées par Michelle Rodriguez, Cynthia Erivo et Elizabeth Debicki) pour mener à leur tour un "braquage" censé leur redonner le contrôle de leurs existences.

"Notre meilleur atout c'est d'être nous-mêmes parce que personne ne pense que nous avons les couilles pour le faire", s'exclame Veronica dans le film, co-écrit par l'Américaine Gillian Flynn.

"Ces femmes se retrouvent catapultées les unes contre les autres en raison d'une situation désespérée, et je crois que c'est une magnifique métaphore montrant comment les choses changent, parce que les choses changent quand on doit donner des coups de pied et pousser des cris et ces femmes sont contraintes de prendre le contrôle de leurs vies", estime Viola Davis en conférence de presse.

- Au coeur de l'histoire -

"Et pour ma part, j'ai adoré donner des coups de pied au cul", ajoute-t-elle.

Cynthia Erivo opine: "C'est rare de voir un film qui permette aux femmes de travailler ensemble de façon singulière. Chacune de ces femmes a ses bizarreries, elles sont très différentes et pourtant d'une certaine manière elles créent des liens entre elles et s'entraident pour que chacune puisse prendre le contrôle de sa vie".

Coïncidence du calendrier, le film a été projeté au lendemain d'un rassemblement devant le QG du festival, auquel ont pris part quelques célébrités hollywoodienne comme Geena Davis, et qui dans la foulée du mouvement #Metoo a appelé l'industrie du cinéma à une meilleure égalité entre les sexes. Notamment en donnant aux femmes des rôles plus en vue, et plus valorisants.

Une requête que Viola Davis aimerait voir élargie aux acteurs de couleur. "Je crois que les récits en cours d'écriture à Hollywood devraient être plus ouverts, ils doivent refléter un monde et des cultures qui sont en train de changer", dit-elle.

"Je ne veux plus voir de film où une personne de couleur fait son entrée à la deuxième scène et c'est un conducteur de bus, un travailleur social ou l'avocat, et où les gens disent +au moins ils font partie de la distribution. Ils ne sont pas au coeur de l'histoire mais au moins ils sont là+", explique-t-elle.

"Ca ne suffit pas qu'ils soient simplement là. Je veux qu'ils soient au coeur de l'histoire."

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