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A une semaine du Mondial, la Russie veut oublier les crises diplomatiques

Plus qu'une semaine avant le coup d'envoi: la Russie met la touche finale à sa Coupe du monde qu'elle espère utiliser pour redorer une image ternie par les crises à répétitions avec les Occidentaux. Mais les problèmes ne manquent pas.

Sur le plan logistique, tout est en place mais les craintes entourant le plus grand évènement sportif de la planète concernent le racisme et la violence. Le phénomène des "cris de singes" a ressurgi ces derniers mois dans les stades russes et la violence des hooligans locaux pendant l'Euro-2016 reste dans les têtes.

Le président russe Vladimir Poutine, triomphalement réélu en mars, s'est toutefois assuré que rien ne vienne troubler la compétition: les mesures de sécurité ont été drastiquement renforcées et les hooligans, ciblés par le pouvoir, ont été fermement priés de se tenir à carreau tout au long de l'été.

L'organisation Fare, qui lutte contre les discriminations dans le football, a d'autres motifs d'inquiétude. "Nous n'avons aucune certitude quant à la prévention des incidents racistes non-violents, malgré les nombreuses assurances de bonne volonté", a prévenu le réseau britannique dans un rapport publié la semaine dernière.

Les autorités, qui ont nommé un coordinateur chargé de la prévention contre le racisme l'an passé, assurent de leur côté que le million de visiteurs du monde entier attendu pendant le Mondial sera bien accueilli dans les onze villes hôtes.

- L'ambiance tarde à monter -

Concernant les 12 stades, dispersés dans la partie européenne du plus grand pays du monde, la construction de certains a connu des retards significatifs. Mais tous ont été livrés bien avant la compétition et la Fifa s'est évité les sueurs froides du Mondial-2014 brésilien.

Sur le plan sportif, les favoris sont des habitués: Allemagne, tenante du titre, Brésil et Espagne... Ensuite viennent la France, l'Argentine et des outsiders comme la Belgique ou le Portugal. Les chances de voir le pays hôte faire bonne figure, en revanche, sont modestes.

Les joueurs de Stanislav Cherchesov n'ont gagné aucun match en 2018 et pointent à une triste 66e place au classement Fifa. Ce qui explique peut-être que la sauce a du mal à monter en Russie, où l'ambiance n'est pas encore à la grande fête du football promise.

A Moscou, certains qui peuvent se le permettre ont d'ailleurs choisi de quitter la ville pour éviter les contraintes imposées par la compétition et des milliers de spectateurs attendus dans un pays qui ne connaît pas le tourisme de masse.

Pas connu pour être un amateur de football, Vladimir Poutine espère que la Coupe du monde, la plus chère de l'histoire avec un coût de 683 milliards de roubles (13,2 milliards de dollars au taux moyen depuis 2013, soit environ 11,3 Mds EUR), permettra au moins à la Russie de faire les grands titres de l'actualité pour autre chose que les tensions internationales.

"Les organisateurs", avait d'ailleurs répondu le président russe la semaine dernière, interrogé sur son favori pour la Coupe du monde.

- Sanctions et boycott -

La Russie avait obtenu de haute lutte face au Royaume-Uni le droit d'organiser le Mondial-2018. C'était en 2010. Depuis, le pays a été la cible de sanctions occidentales pour l'annexion illégale de la péninsule de Crimée et le soutien aux séparatistes de l'Est de l'Ukraine, dont l'accusent Kiev et les Occidentaux.

Parmi les points de tensions Est-Ouest figurent aussi la Syrie, où l'armée russe est intervenue à la demande du président syrien Bachar al-Assad, et les Etats-Unis, où Moscou est soupçonnée d'avoir oeuvré pour faire élire Donald Trump.

Dernière grande affaire en date, l'empoisonnement dont ont été victimes l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille en Angleterre. Londres accuse Moscou et le scandale a provoqué la plus grande vague d'expulsions croisées de l'histoire.

La Russie a aussi été accusée d'avoir mis en place un programme de dopage institutionnalisé ayant culminé lors des JO d'hiver russes de Sotchi en 2014. Près de trois ans après le début du scandale, la Russie en paye toujours le prix et son agence nationale antidopage n'a pas encore été réintégrée au sein de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

En dépit de ces scandales, seuls l'Islande et la Grande-Bretagne, parmi les pays participants, ont choisi de boycotter diplomatiquement la Coupe du monde. La Russie ne revivra pas l'épisode traumatisant des JO-1980 de Moscou, boycottés par plus de 50 pays à l'initiative des Etats-Unis.

- Le pied droit de Neymar -

A une semaine du coup d'envoi, les questions sportives prennent le dessus. Et le monde du football préfère s'attarder sur l'état du pied droit du Brésilien Neymar ou la solidité de l'épaule gauche de l'Egyptien Mohamed Salah.

La blessure en mars de la star du PSG avait inquiété le Brésil. Il a fait son retour à la compétition dimanche contre la Croatie. Bilan: une mi-temps jouée et un slalom dans la défense croate ponctué d'un but, seulement 20 minutes après son entrée en jeu.

Blessé lors de la finale de la Ligue des champions, Mohamed Salah a bien été convoqué parmi les 23 Egyptiens. L'attaquant de Liverpool, joueur de l'année en Angleterre, pourrait faire son retour contre la Russie lors du deuxième match des Pharaons, le 19 juin. Pas de quoi rassurer le pays organisateur en manque de confiance.

Le match d'ouverture aura lieu le 14 juin au stade Loujniki de Moscou. Il mettra aux prises la Russie et l'Arabie saoudite. Sportivement, ce n'est pas une affiche mais l'enjeu sera déjà énorme: malheur au vaincu entre les deux plus mauvaises nations du classement Fifa parmi les qualifiés.

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