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Affaire Orlandi : deux ossuaires inspectés au Vatican pour tenter d'élucider le mystère

Un nouveau chapitre de l'énigme autour d'Emanuela Orlandi, fille d'un employé du Vatican disparue il y a 36 ans, s'est ouvert samedi dans la cité papale, avec l'inspection de deux ossuaires dans l'espoir d'y trouver des réponses.

Des ossements ont été extraits dans la matinée dans le sous-sol du Collège pontifical teutonique et leur analyse morphologique, qui a débuté sur place, "se poursuivra samedi 27 juillet", a indiqué le Saint-Siège dans un communiqué.

"On ne s'attendait pas à autant d'ossements. Des milliers d'os ont été retrouvés, donc nous imaginons qu'ils correspondent à des dizaines de personnes", a déclaré à la sortie du cimetière allemand du Vatican Giorgio Portera, généticien désigné par la famille Orlandi.

Il a précisé que les ossements étaient de différentes tailles et qu'ils appartiennent aussi bien à des sujets adultes qu'à des enfants.

"Ce sont des expériences très fortes parce qu'il pourrait y avoir les os de ma soeur. Mais on ne veut pas y penser tant que nous n'avons pas les résultats", a réagi de son côté Federica Orlandi, la soeur de la disparue.

Les opérations d'expertise sont conduites par le professeur Giovanni Arcudi (spécialiste en médecine légale désigné par le Vatican) et son équipe en présence d'un expert nommé par la famille Orlandi, "selon des protocoles reconnus au plan international", a précisé le Saint-Siège.

Les proches d'Emanuela Orlandi ne désespèrent pas de découvrir des indices qui les aideraient à comprendre ce qui est arrivé à l'adolescente de 15 ans, citoyenne du Vatican, qui n'a plus donné signe de vie depuis sa sortie d'un cours de musique à Rome le 22 juin 1983.

Les deux ossuaires ont été découverts à la suite de l'ouverture, le 11 juillet, des tombes de deux princesses inhumées au XIXe siècle dans le cimetière allemand du Vatican, dans l'espoir de trouver les restes d'Emanuela Orlandi.

L'été dernier, l'avocate des Orlandi avait reçu un mystérieux message anonyme avec les mots "Cherchez à l'endroit où pointe l'ange", accompagné du cliché d'une tombe avec un angle sculpté, semblant appartenir au cimetière teutonique.

- Percer le mystère -

La famille avait alors déposé une demande de vérification de la tombe et le Vatican a finalement ouvert les deux tombes jouxtant l'ange.

Mais elles étaient vides: pas de trace d'Emanuela Orlandi, ni même de la princesse Sophie von Hohenlohe (morte en 1836) et de Charlotte-Frédérique de Mecklembourg (morte en 1840), censées y être inhumées.

Les experts estiment que les restes des deux princesses auraient pu être transférés dans les ossuaires lors de travaux réalisés au Collège pontifical et au cimetière entre les années 1970 et 1980. Mais Emanuela Orlandi a disparu des années plus tard.

L'affaire Orlandi avait connu une énième péripétie fin octobre 2018 après la découverte de restes humains lors de travaux dans un bâtiment du parc de l'ambassade du Vatican à Rome.

La presse s'était emballée mais des examens scientifiques avaient conclu que les ossements, très anciens, n'étaient pas ceux d'Emanuela.

Parmi les initiatives prises en plus de 30 ans pour percer le mystère, la justice italienne avait fait ouvrir en 2012 dans une basilique romaine la tombe d'Enrico de Pedis, ancien chef de la bande de la Magliana, qui a terrorisé Rome dans les années 1970-1980. Elle ne contenait que la dépouille de l'homme, tué en 1990 dans un règlement de comptes.

La sépulture du "boss", soupçonné d'appartenir à la fois à la mafia, à la loge maçonnique P2 et à des secteurs de la finance du Vatican, avait été transférée dans la basilique, un privilège rare facilité par un prêtre qui l'avait connu en prison.

Une ex-maîtresse du malfrat avait affirmé qu'il avait enlevé Emanuela Orlandi et coulé son corps dans le béton.

Selon certaines thèses, l'adolescente a été enlevée par ce groupe criminel pour recouvrer un prêt auprès de l'ancien président américain de la banque du Vatican (IOR), Paul Marcinkus.

D'autres affirment qu'elle a été kidnappée pour arracher la libération de Mehmet Ali Agca, le Turc qui avait tenté d'assassiner le pape Jean Paul II en 1981. Mais rien de cela n'a jamais été prouvé.

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