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Affaire Jubillar: le mari clame son innocence et espère une remise en liberté

"Je suis innocent", a lancé mardi Cédric Jubillar aux magistrats devant statuer sur sa demande de remise en liberté, cinq mois après avoir été écroué, soupçonné du meurtre de sa femme, Delphine.

L'audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse s'est déroulée à huis clos, à la demande du parquet général, contre l'avis des avocats de la défense.

A peine entré dans la salle et avant que le huis clos ne soit décrété, Cédric Jubillar, masque sur le visage, crâne rasé, pull noir et jean, a lancé aux nombreux journalistes présents: "Je suis innocent, je n'ai pas tué Delphine", avant que la présidente de la chambre de l'instruction ne fasse évacuer la salle.

"On portera le dossier devant la cour de cassation, on ne répond pas au critère judiciaire du huis clos", a dénoncé Alexandre Martin, l'un des avocats de la défense, déplorant que son client n'ait eu "que quelques secondes pour s'exprimer auprès de (la presse)".

Une fois de plus, la défense a plaidé pour la remise en liberté du mari de l'infirmière disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. L'avocate générale Chantal Firmigier-Michel a pour sa part requis le maintien en détention.

Cédric Jubillar, incarcéré depuis le 18 juin après sa mise en examen pour homicide volontaire, avait dès juillet demandé sa remise en liberté auprès du juge des libertés et de la détention (JLD). Il a ensuite saisi la chambre de l'instruction de la cour d'appel.

Jusqu'ici ses recours ont été rejetés, la justice estimant que les éléments à charge étaient suffisants pour justifier son maintien en détention, à la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.

Pour Me Martin, l'enquête s'enlise, des expertises tardent à être versées au dossier.

"Cet homme n'a pas encore été entendu sur le fond du dossier", a déclaré l'avocat en évoquant l'interrogatoire de Cédric Jubillar le 15 octobre devant les deux juges d'instruction, qui doit se poursuivre le 3 décembre. "L'idée de départ des gendarmes, c'est que le coupable ça ne peut être que lui", a-t-il ajouté.

De leur côté, les parties civiles défendent un maintien en détention "pour la nécessité de l'enquête", a plaidé l'avocat Laurent de Caunes.

"Il y a eu un temps pour la collecte des données et un temps pour l'analyse en profondeur", souligne un autre, Laurent Boguet, se félicitant "du recours à un logiciel d'analyse criminelle" qu'il juge "impressionnant" par les "éléments objectifs" qu'il a permis de dégager et de confronter à Cédric Jubillar.

Pour la défense, cet outil n'apporte pas grand chose. "On commence à faire la justice avec des algorithmes... ça permet juste de faire un tableau de synthèse", a estimé Me Martin.

Les avocats du peintre-plaquiste de 34 ans, placé en isolement, dénoncent une détention provisoire "abusive" et estiment que la "présomption d'innocence est bafouée". "Cet homme est détenu dans des conditions d'isolement insupportables", a encore dénoncé la défense.

Sur le fond du dossier, si la justice met en avant "un faisceau d'indices graves et concordants" à l'encontre de son client, l'avocate Emmanuelle Franck les qualifie d'"insuffisants".

"Il n'y a ni preuves, ni corps, ni scène du crime", estime-t-elle, et "on ne sait absolument pas ce qui s'est passé" avant que Cédric Jubillar signale aux gendarmes que son épouse avait disparu du domicile familial, dans le village de Cagnac-les-Mines, près d'Albi.

Les deux jeunes enfants du couple ont depuis été placés chez la soeur de Delphine Jubillar.

De nombreuses recherches ont été entreprises par les gendarmes aux environs du village. Régulièrement, des amies de l'infirmière se rassemblent et arpentent champs et bois autour de Cagnac-les-Mines en espérant trouver un indice.

Lundi soir, date de son 34e anniversaire, des proches de Delphine Jubillar et des habitants du village se sont recueillis devant la maison inhabitée du couple, où des bougies éclairaient un portrait de la disparue.

La décision de la chambre de l'instruction a été mise en délibéré au 22 novembre.

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