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Afghanistan: un Allemand de Francfort arrêté chez les talibans

Un mystérieux ressortissant allemand originaire de Francfort, vêtu comme un taliban avec turban noir et longue barbe, a été arrêté en compagnie des insurgés dans le sud de l'Afghanistan et est accusé d'avoir combattu à leurs côtés.

L'homme, connu ici sous son seul nom d'emprunt, Abdul Wadood, a été arrêté mardi soir lors d'une opération des forces spéciales afghanes dans la province du Helmand, place forte des talibans qui en contrôlent la majorité du territoire.

Le quotidien allemand Die Welt croit savoir qu'il s’agirait d'un converti nommé "Thomas K" qui viendrait de Rhénanie-Palatinat, une région précisément à côté de Francfort.

Selon Die Welt, "Thomas K" était connu comme salafiste radicalisé par les autorités locales depuis 2009 et aurait voyagé en Afghanistan en 2013 pour se rallier aux talibans. La police judiciaire allemande avait d'ailleurs alerté Kaboul en 2014 sur le risque qu'il commette un "attentat kamikaze contre des intérêts étrangers".

Pour Abdul Qadeer Bahadurzai, le porte-parole du 215e Corps d'armée, qui couvre le sud de l'Afghanistan, cet homme est un combattant aguerri qui connaît bien la région.

"Ce ressortissant allemand appelé Abdul Wadood est un habitant de Francfort. Il n'a pas de papiers, de carte d'identité, sur lui ni de passeport", a-t-il affirmé à l'AFP.

Selon lui, "il a passé sept ans à Quetta au Pakistan et un an dans la province de Paktia (Est) et depuis un an servait de conseiller militaire au Mollah Nassir, commandant des +Unités rouges+", les unités d'élite des talibans.

La ville de Quetta, à la frontière afghane côté pakistanais, abrite le principal organisme de direction des talibans, "la choura de Quetta". Les talibans sont aussi très présents en Paktia.

- Mitrailleuse et talkies-walkies -

"Il se trouve maintenant aux mains des forces étrangères (américaines) à Kandahar", a ajouté le porte-parole, précisant que "trois suspects sont détenus avec lui". "Un mitrailleuse, des talkies-walkies et une douzaine de mines ont été saisies sur eux", a-t-il poursuivi.

L'arrestation de cet homme a été annoncée mercredi soir. Gardé jusqu'à présent sur la base militaire de Camp Bastion, partagée entre les forces afghanes et 300 Marines américains, il a été transféré jeudi matin à Kandahar, la capitale du Sud, "pour les besoins de l'enquête", selon l'armée afghane.

L'homme au visage fin et long, au front largement dégarni sous son turban noir, porte une longue barbe châtain et pourrait être âgé d'une quarantaine d'années. Sur les photos transmises par les forces afghanes, prises peu après son arrestation, il est encadré par deux membres des commandos reconnaissables à leurs lunettes de vision nocturne.

Il a endossé une veste militaire kaki sur le vêtement traditionnel afghan, une longue chemise flottant sur un pantalon large.

Selon Said Omar Zwak, porte-parole du gouverneur provincial, l'homme "a été capturé dans l'enceinte d'une fabrique de mines terrestres en même temps que deux commandants talibans de haut rang".

C'est le 7e bataillon des forces spéciales afghanes qui a conduit l'opération, a-t-il ajouté.

Le chef de la police de Gereshk, district où s'est produit l'arrestation, Ismail Khplwak, avait également accusé l'Allemand d'être "le conseiller militaire du Mollah Nassir, commandant des +Unités rouges+".

- Premier Européen? -

Gereshk est l'un des rares districts du Helmand où les forces gouvernementales sont encore présentes, dans une province largement sous contrôle des talibans.

S'il est prouvé qu'il a bien rejoint les talibans pour se battre, cet Allemand serait le premier Européen connu dans ce cas. "On a déjà eu des étrangers arrêtés dans la province, plusieurs combattants pakistanais et trois Iraniens, mais c'est la première fois qu'un Européen est arrêté dans le Helmand", a relevé le porte-parole provincial.

Le seul Occidental dont l'adhésion aux talibans a jamais été découverte est jusqu'ici Walker Lindh, baptisé "le taliban américain", condamné à 20 ans de prison en 2002.

Mais en 2009, des tatouages à la gloire du club de foot anglais Aston Villa avaient été décelés sur le corps d'un taliban décédé. Peu auparavant, les militaires britanniques avaient justement intercepté la voix d'un insurgé s'exprimant avec un fort accent de Birmingham.

De nombreux étrangers, généralement originaires de la région - Pakistanais, Tadjiks, Ouzbèkes -, ainsi que des Tchétchènes ont rejoint les rangs des insurgés afghans.

En décembre, plusieurs témoins et responsables locaux avaient aussi signalé la présence de combattants français au sein du groupe Etat islamique, à Jowzjan dans le nord de l'Afghanistan. Au moins trois d'entre eux auraient été ensuite été tués dans des bombardements américains, selon le gouverneur provincial, ce qu'aucune source indépendante n'a pu confirmer.

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