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Afrique du Sud: le président dénonce des violences xénophobes "inacceptables", tirs de la police

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné les violences xénophobes "totalement inacceptables" qui secouent depuis trois jours du pays, notamment sa plus grande ville Johannesburg où la police a tiré mardi des balles en caoutchouc pour prévenir de nouveaux pillages de commerces tenus par des étrangers.

Depuis dimanche, des dizaines de magasins ont été vandalisés à Johannesburg et dans la capitale Pretoria, des poids lourds soupçonnés d'être conduits par des étrangers incendiés dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est) et au moins une personne tuée dans des circonstances encore non éclaircies.

A Johannesburg, la police a repoussé des centaines de personnes armées de briques et de pierres dans le centre-ville et dispersé à coups de balles en caoutchouc des émeutiers dans le township d'Alexandra, qui jouxte le quartier financier de Sandton.

La nuit précédente, de nombreux magasins avaient été pillés et détruits dans le township.

Jusque-là silencieux, le président Cyril Ramaphosa a finalement pris la parole mardi après-midi pour "condamner dans les termes les plus forts" les violences xénophobes.

"Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables", a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter, "je veux que cela cesse immédiatement".

"Il ne peut y avoir aucune justification pour qu'un Sud-Africain s'en prenne à des gens d'autres pays", a insisté le président de la "nation arc-en-ciel" rêvée par son prédécesseur et mentor Nelson Mandela, qui a convoqué une réunion ministérielle d'urgence.

L'Afrique du Sud, économie subsaharienne la plus développée du continent, est le théâtre régulier violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté.

Cette nouvelle poussée de fièvre a pris une tournure continentale.

Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a dénoncé mardi des attaques "abjectes".

Le chef de l'Etat nigérian Muhammadu Buhari s'est lui dit "très inquiet" de ces violences contre les immigrés africains, notamment ceux venus de son pays, et annoncé l'arrivée d'un "envoyé spécial" en Afrique du Sud.

- "Ils ont tout brûlé" -

Lundi, son gouvernement avait menacé de prendre des "mesures décisives" contre l'Afrique du Sud. "Les attaques perpétuelles contre les ressortissants nigérians et leurs intérêts économiques en Afrique du Sud sont inacceptables", s'était-il insurgé lundi sur Twitter, "trop c'est trop !"

De nombreuses personnalités nigérianes ont appelé au "boycott total" des entreprises sud-africaines, telles que le fournisseur de programmes télévisés DSTV ou le géant des télécommunications MTN et à renvoyer l'ambassadeur d'Afrique du Sud au Nigeria.

Les violences des derniers jours ont causé une vive inquiétude dans les communautés immigrés de Johannesburg.

"Ils ont tout brûlé", a témoigné mardi à l'AFP un commerçant originaire de Bangladesh, Kamrul Hasan, devant son commerce incendié du township d'Alexandra.

"Tous les six mois, c'est la même chose. Alors pourquoi rester ici? J'ai tout perdu. Si le gouvernement (sud-africain) paie mon billet d'avion, je rentrerai au Bangladesh", a-t-il assuré.

"Notre nation brûle et saigne", a dénoncé le chef du principal parti d'opposition, Mmusi Maimane, à la tête de l'Alliance démocratique (DA).

"Les Sud-Africains ont peur et n'ont pas d'espoir pour l'avenir (...) Nous constatons un effondrement économique et social, et les manifestations violentes, les pillages, des destructions à grande échelle (...) en est la preuve évidente", a-t-il lancé.

La vague de violences et de pillages a débuté dimanche après la mort de trois personnes dans l'incendie encore inexpliqué d'un bâtiment du centre ville de Johannesburg, avant de se propager à d'autres quartiers de la ville, puis à Pretoria.

Plus de 110 personnes ont été arrêtées, selon les derniers chiffres des autorités.

En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban (nord-est). En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.

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