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Airbnb revient sur sa décision de se retirer des colonies de Cisjordanie occupée

La plateforme de location saisonnière Airbnb a annoncé mardi revenir sur sa décision très controversée de cesser de référencer des logements situés dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée, mettant ainsi fin aux poursuites engagées contre elle.

"Nous comprenons la complexité de ce sujet", a souligné dans un communiqué Airbnb, qui peu après l'annonce de sa décision l'année dernière s'était vue poursuivie en justice en Israël comme aux Etats-Unis.

Si la plateforme va donc continuer à accepter des offres de location en Cisjordanie, elle a en revanche indiqué qu'elle ne tirerait "aucun bénéfice" de l'activité dans l'ensemble de la Cisjordanie et que l'argent serait reversé à une organisation humanitaire à but non lucratif opérant dans différentes parties du monde.

L'entreprise était poursuivie en Israël mais aussi devant un tribunal fédéral américain, où des plaignants juifs américains l'accusaient de discrimination religieuse.

La plateforme dit avoir toujours été opposée au mouvement de boycott contre Israël, et spécifiquement le mouvement Boycott, Divestment and Sanctions, plus connu aux Etats-Unis sous son acronyme de BDS. "Airbnb n'a jamais boycotté Israël ou des entreprises israéliennes ou les plus de 20.000 hôtes israéliens qui sont actifs sur la plateforme", insiste-t-elle.

La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis plus de 50 ans. Les colonies qui y sont construites par Israël sont considérées comme illégales par la communauté internationale qui les voient comme l'un des principaux obstacles à la paix. Le gouvernement israélien conteste cette vision.

Airbnb va appliquer la même politique en Ossétie du Sud et en Abkhazie, "deux autres régions disputées", note la société.

Les régions séparatistes de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, où Moscou a installé des bases militaires permanentes après la guerre avec la Géorgie, représentent 20% du territoire national géorgien.

- Positions tranchées -

Illustrant les points de vue très tranchés sur le sujet, les réactions à l'annonce ont été diamétralement opposées.

"La décision décevante de Airbnb semble montrer un virage à 180 degrés de leur position de respecter totalement les droits", a accusé Arvind Ganesan, directeur à l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).

"Faire don de l'argent tiré de locations dans des colonies illégales, comme ils ont promis de le faire, ne change rien à la +souffrance humaine+ dont, selon leur propre aveu, leurs activités sont responsables", a-t-il ajouté, accusant Airbnb, d'être "complice des abus dont sont responsables les colonies".

A l'inverse, un meneur du groupe qui s'était mobilisé contre la décision initiale d'Airbnb, le professeur Eugene Kontorovich, directeur de droit international au Kohelet Policy Forum de Jérusalem, voit dans cette annonce "un grand coup porté aux efforts de délégitimer la présence juive en Cisjordanie".

"Airbnb a réalisé ce que nous avons plaidé depuis le début: les boycotts de juifs où que ce soit, même juste en Cisjordanie sont de la discrimination", a-t-il dit à l'AFP.

Gerald Steinberg, président de l'ONG Monitor, voit dans la décision de Airbnb "une défaite majeure pour ceux qui encouragent le boycott d'Israël et en particulier HRW", a-t-il confié à l'AFP.

- "Souffrances humaines" -

La plateforme avait annoncé l'année dernière renoncer à proposer ses quelque 200 offres de locations en Cisjordanie après de longues consultations avec des experts, et en fonction de critères observés dans d'autres territoires occupés à travers le monde. Parmi ces critères figurait la contribution éventuelle de ses offres aux "souffrances humaines existantes".

Soucieuse "d'agir de manière responsable", Airbnb avait souligné que les colonies de Cisjordanie étaient "au cœur de la querelle entre Israéliens et Palestiniens".

Cette décision ne concernait pas les hôtes Airbnb en Israël.

Elle avait provoqué l'indignation de la droite au pouvoir en Israël, dont une grande partie considère que la Cisjordanie devrait être reconnue comme faisant partie intégrante d'Israël.

Le gouvernement combat farouchement depuis des années tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott, qu'il dénonce comme une remise en cause de la légitimité de l'Etat hébreu.

Environ 430.000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens en Cisjordanie, occupée depuis 1967 par Israël.

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