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Torture, enrôlement ou mariage forcé, vision d'exécution publique: tant de souffrances pour les enfants enlevés par Boko Haram

Amnesty International exhorte mercredi le Nigéria à protéger les enfants des États de Borno et d'Adamawaune et à leur fournir une éducation dans le nord-est du pays, "une région dévastée depuis des années par les atrocités du groupe terroriste Boko Haram et les violations manifestes imputables à l'armée". L'organisation accuse également l'Union européenne et d'autres donateurs de financer un programme de "réhabilitation" défaillant.

Amnesty International dénonce, dans un document de 90 pages, les brutalités de Boko Haram commises envers les enfants du nord-est du Nigéria depuis près d'une décennie. "Ce groupe armé a pour habitude d'attaquer des écoles, de procéder à des enlèvements massifs, de recruter et d'utiliser des enfants soldats et de marier de force des filles et des jeunes femmes", rapporte l'organisation de défense des droits humains.

Dans les zones contrôlées par le groupe terroriste, les enfants sont notamment victimes d'actes de torture et contraints à assister à des exécutions en public. D'après les témoignages récoltés par l'organisation, les enfants qui réussissent à s'enfuir ne sont pour autant pas accueillis dans un environnement plus sûr par les autorités nigérianes. En effet, lorsqu'ils ne sont pas déplacés et privés d'éducation, ces enfants sont "détenus arbitrairement pendant des années dans des casernes militaires, où les conditions s'apparentent à des actes de torture" dont l'objectif serait de les contraindre à "avouer" leur appartenance à Boko Haram.

Qualifiant ces pratiques de "crimes de guerre", Amnesty International indique que de nombreux enfants sont encore détenus dans ces conditions et qu'au moins 10.000 personnes, dont de nombreux mineurs, sont mortes en détention pendant le conflit.

L'organisation rapporte également avoir recueilli des informations "faisant état de violations commises dans le cadre de l'opération 'Couloir de sécurité', à laquelle l'Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et d'autres partenaires apportent un soutien financier de plusieurs millions de dollars". Il s'agit d'un centre de détention créé en 2016 et géré par l'armée dans le but de déradicaliser et de réhabiliter les combattants et sympathisants présumés de Boko Haram. Si Amnesty International indique que les conditions y sont meilleures que sur tout autre site de détention militaire, le centre semble pourtant bafouer les droits juridiques des hommes et des garçons qui s'y trouvent et organiser du travail forcé. Amnesty International exhorte les forces armées nigérianes à libérer les mineurs détenus arbitrairement et à mettre un terme aux autres violations "qui semblent destinées à punir des milliers d'enfants, dont beaucoup ont déjà été victimes des atrocités de Boko Haram". L'organisation de défense des droits humains appelle également le Nigéria à s'engager en faveur de l'éduction et du rétablissement psycho-social des enfants, afin d'"ouvrir une nouvelle voie dans le nord-est." (Belga)

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