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Annick Girardin annonce la reprise en charge du RSA par l'Etat à La Réunion

L'Etat reprendra à sa charge la gestion du Revenu de solidarité active (RSA) sur l'île de La Réunion, a annoncé mardi la ministre des Outre-mer Annick Girardin, en visite à La Réunion depuis dimanche.

"Comme le gouvernement l'a fait en Guyane et à Mayotte nous avons accepté de récupérer la gestion du RSA, ce qui permettra au département d'être pleinement armé pour gérer son action sociale", a déclaré la ministre, venue faire le bilan de ses engagements, trois mois après le mouvement des "gilets jaunes" sur place.

L'annonce, la seule faite au cours de ce séjour officiel, satisfait une demande majeure du président du conseil départemental, Cyrille Melchior.

Il l'avait encore formulée le 1er février lorsque Emmanuel Macron a reçu à Paris, dans le cadre du Grand débat, des maires et présidents de collectivités des outre-mer.

A La Réunion où 42% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 92.000 personnes sont allocataires du RSA.

En 2018, le montant annuel de cette aide a été de 640 millions d'euros.

Le financement total de cette allocation relève de la compétence de l'Etat. "Mais depuis des années, l'enveloppe allouée par l'Etat stagne à 450 millions d'euros", souligne Cyrille Melchior. Ce montant a été décidé lors de la mise en place du Revenu minium d'insertion (RMI, ancêtre du RSA) en décembre 1988.

Il n'a guère évolué depuis malgré l'augmentation du nombre d'allocataires. "Tous les ans à partir de septembre, c'est de fait le Département qui verse environ 50 millions d'euros par mois sur ses fonds propres à la caisse d'allocations familiales", explique Cyrille Melchior.

Au cours des 10 dernières années, l'Etat a ainsi cumulé "un reste à charge non compensé à ce jour d'un milliard d'euros" affirme le président du département.

La loi organisant la recentralisation du RSA devrait être votée avant la fin de cette année. "Nous demandons la finalisation du dossier dès 2019", a précisé Cyrille Melchior.

Mardi matin, la ministre a été huée à Saint-Pierre (commune du sud) par des "gilets jaunes" et des syndicalistes qui lui reprochent de "ne pas avoir tenu les promesses" faites en novembre, au début de la crise des "gilets jaunes".

Plusieurs dizaines de manifestants s'étaient rassemblés derrière les barrières qui interdisaient l'accès à la sous-préfecture de Saint-Pierre, où la ministre avait rendez-vous avec les maires du sud et de l'ouest de l'île. "Mensonges, mensonges", "ici c'est pas Paris, on n'est pas des casseurs, on veut juste parler à la ministre", ont crié les manifestants.

Mme Girardin a essayé d'échanger avec des syndicalistes mais la discussion a été écourtée par les injures proférées par les manifestants.

"On lui a fait confiance l'autre fois (en novembre, ndlr). Elle a promis des mesures, elle a dit que ces mesures seraient effectives au 1er janvier 2019, ce n'était pas vrai. Maintenant la confiance c'est fini", a lancé Anne-Marie, une "gilet jaune".

"J'ai été interpellée, mais je n'entendais rien (à cause des cris, ndlr). J'ai proposé une rencontre mais j'ai essuyé un refus", a expliqué la ministre à la fin de sa rencontre avec les maires.

"Ça ne sert à rien de discuter, elle est venue prendre le soleil. Et si c'est pour faire pareil qu'elle, Macron peut rester à Paris", a commenté un manifestant. Le Président de la République doit venir à La Réunion prochainement.

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