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Antisémitisme: le prix Ilan Halimi remis pour la première fois dans un sombre contexte

Édouard Philippe a décerné mardi soir, pour la première fois au niveau national, un prix Ilan Halimi contre l’antisémitisme, dans un sombre contexte marqué par un très fort rebond des actes antisémites en France en 2018, et plusieurs graves dégradations antijuives ces derniers jours.

En présence de Ruth Halimi, la mère du jeune juif de 23 ans mort en 2006 après avoir été torturé par le "gang des Barbares", une quinzaine de jeunes et leurs professeurs ont été récompensés pour cinq projets.

Le grand prix est allé à un projet du collège Clos de Pouilly à Dijon, pour un enseignement sur les génocides reconnus du XXe siècle, visant à éveiller la conscience de quatre classes d'élèves de 3e.

Selon un bilan du ministère de l'Intérieur, les menaces et violences visant les juifs ont augmenté de 74% en 2018.

Avec les mauvaises nouvelles dans la lutte contre l'antisémitisme, "nous avons pris des coups", a reconnu Edouard Philippe, disant son coeur "lourd" et sa "rage au ventre".

"Nous prenons des coups quand on vomit sur la mémoire d'Ilan Halimi. Nous prenons des coups quand sont tracées des croix gammées sur le visage de Simone Veil.(...) Nous prenons des coups quand, reprenant l'idéologie et la phraséologie nazie, on trace à la peinture jaune sur des vitrines la mention +Juden+", a-t-il dit, évoquant les incidents de ces derniers jours.

La lutte contre l'antisémitisme et le racisme, "c'est un combat d'attrition, c'est un combat dans le temps, c'est un combat d'endurance", a affirmé Edouard Philippe, en rappelant les mesures du plan contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT pris en mars 2018 par le gouvernement. "Certains débutent ce combat", a-t-il dit en regardant les collégiens, "et nous allons le gagner", a-t-il assuré.

Quant aux changements de la loi visant à lutter contre la haine sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux, annoncés en mars 2018 et promis pour 2019 par l'exécutif, "notre objectif c'est d'inscrire les mesures nécessaires dans un texte qui sera présenté avant l'été", a précisé M. Philippe.

Créé en 2014 dans l’Essonne par Jérôme Guedj, alors président du conseil départemental, le prix Ilan Halimi est devenu un prix national sur décision d’Edouard Philippe l'an dernier.

"J’espère que des décisions adéquates vont être prises pour endiguer ce mal" de l'antisémitisme, a déclaré Mme Halimi, qui a fait enterrer son fils en Israël de peur que sa première tombe à Pantin (Seine-Saint-Denis) ne soit souillée par les responsables de sa mort après leur libération.

"Pour l’instant ce n’est pas très fort", a-t-elle déploré, tout en remerciant M. Philippe d’avoir décidé de créer ce prix national.

L’écrivain Emilie Frèche, engagée dans la lutte contre l’antisémitisme et auteure d'un livre avec Mme Halimi, a appelé le gouvernement à un "état d’urgence de l’antisémitisme".

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