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Après 26 ans de détention, le faux docteur Romand s'installe dans une abbaye

Jean-Claude Romand, le faux médecin condamné à perpétuité pour avoir tué son épouse, ses deux enfants et ses parents, est sorti vendredi de prison après 26 ans de détention, une libération conditionnelle, et a pris la direction d'une abbaye de l'Indre.

Sa sortie était certaine, mais l'heure incertaine. Jean-Claude Romand a quitté la prison de Saint-Maur (Indre) en pleine nuit vers 3H30, selon la direction interrégionale des services pénitentiaires.

"Il est sorti cette nuit" en application d'une décision de libération conditionnelle, a indiqué son avocat Jean-Louis Abad.

"C'est une décision de justice, il n'y a pas de commentaire à faire. L'arrêt de la cour d'appel a été mis à exécution", a souligné l'avocat. Le 25 avril la cour d'appel de Bourges lui avait accordé la liberté conditionnelle, fixant la date limite de sa sortie au 28 juin.

Le faux médecin de l'OMS, aujourd'hui âgé de 65 ans, a pris la direction de l'abbaye de Fontgombault, dans l'Indre, selon une source proche du dossier. Un premier projet d'embauche chez Emmaüs avait été écarté lors des premières audiences statuant sur sa libération conditionnelle en 2018.

Il doit être placé sous surveillance électronique pendant une période probatoire de deux ans, avant d'être soumis pendant dix ans à des mesures d'assistance et de contrôle.

Dans le village de Fontgombault, son arrivée était acquise de longue date. "Tout le monde ici sait depuis longtemps que Jean-Claude Romand doit venir. Il n’y a que les moines et le maire qui disent ne pas le savoir. Cela ne changera pas notre vie, car les moines vivent ici en autarcie", affirme Keren, gérante du seul commerce multiservice du village, une épicerie-tabac, interrogée par un correspondant de l'AFP.

"Je ne suis pas étonnée", dit Marie-Nicole, une retraitée. "Dans un premier temps, j’étais choquée. Jean-Claude Romand a quand même tué cinq personnes de sa famille. Dans un second temps, je me dis que cet homme n’est certainement pas le même 25 ans après. Il a évolué", se rassure-t-elle.

"Il a un bracelet électronique. Et n’est certainement plus dangereux. Au moins, ça libère de la place dans les prisons. C’est facile à dire pour nous, mais pour la famille, ça doit être dur à vivre", estime Christophe, la cinquantaine.

Une dernière audience concernant les modalités de sa liberté conditionnelle a eu lieu mercredi devant la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Bourges.

Dans sa décision du 25 avril, la justice a ordonné à Jean-Claude Romand de ne pas entrer en contact avec les victimes et les parties civiles et lui a interdit de se rendre dans les régions Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

- Libérable depuis 2015 -

Jean-Claude Romand devra s'abstenir "de toute communication médiatique relative aux crimes pour lesquels il a été condamné", "réparer en tout ou partie" les dommages qu'il a causés et "se soumettre à des mesures d'examen médical, de traitement ou de soins", selon le parquet général.

Condamné à la perpétuité en 1996, M. Romand était libérable depuis 2015, après une période de sûreté de 22 ans. Son parcours a inspiré cinéma et littérature. "L'adversaire" d'Emmanuel Carrère a été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia.

Après avoir caché à ses proches son échec en faculté de médecine, Jean-Claude Romand avait menti pendant plus de quinze ans à son entourage. Marié et père de deux enfants, il se disait médecin, chercheur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, et faisait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse.

Acculé par plusieurs débiteurs, dont certains avaient découvert son imposture, le faux médecin, alors âgé de 38 ans, était passé à l'acte au matin du 9 janvier 1993.

Dans leur maison de Prévessin-Moëns, il tue sa femme avec un rouleau à pâtisserie, puis sa fille de sept ans et son fils de cinq ans, en leur tirant dans le dos avec une carabine. Il tue ensuite ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura) de plusieurs balles dans le dos.

Le lendemain, il revient à son domicile et avale des barbituriques avant d'incendier la maison. Il sera retrouvé inconscient mais vivant par les pompiers.

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