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Trump félicite Merkel mais ne lâche rien, de l'Iran au commerce

Donald Trump a loué vendredi les qualités d'Angela Merkel, "une femme extraordinaire", mais les deux dirigeants ont surtout pris acte de leurs points de désaccords, du nucléaire iranien aux tarifs douaniers.

Dans un contraste saisissant avec les embrassades et tapes dans le dos qui ont marqué la visite, en début de semaine, du président français Emmanuel Macron, le président américain et la chancelière allemande se sont cantonnés à un registre plus classique, plus distant aussi.

Sur le dossier brûlant des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium, M. Trump est resté évasif, se déclarant simplement déterminé à travailler avec son hôte "pour réduire les obstacles aux exportations américaines et renforcer les liens économiques".

Mais la chancelière allemande a clairement indiqué que les discussions avaient été difficiles. "Nous avons échangé sur négociations en cours et les positions des uns et des autres (...) La décision appartient au président", a-t-elle expliqué.

Après avoir promulgué des taxes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium , M. Trump a exempté l'Union européenne jusqu'au 1er mai mais aucune décision n'a été annoncé au-delà de cette date, faisant redouter une guerre commerciale si aucune solution n'est trouvée.

Larry Kudlow, son principal conseiller économique, a prévenu jeudi que ces exemptions ne seraient prolongées que si les Etats-Unis obtenaient des concessions, évoquant en particulier le secteur automobile.

M. Trump et Mme Merkel, dirigeants aux parcours profondément différents, se sont brièvement serré la main dans le Bureau ovale. Et lors de leur conférence de presse commune, l'absence de complicité était palpable. Lorsque le locataire Maison Blanche a fait blague sur sa capacité à virer les gens incompétents au sein de ses ministères "au moins aussi vite qu'en Allemagne", la chancelière a haussé les sourcils.

- Paris et Berlin sur la même ligne -

Reste qu'au-delà des différences de style évidents des deux dirigeants face à Trump, la France et l'Allemagne ont des objectifs communs et ont travaillé en étroite collaboration sur les deux visites.

Comme M. Macron avant elle, Mme Merkel a tenté de convaincre le président américain que l'accord sur le nucléaire iranien devait être préservé, faute de quoi Téhéran pourrait reprendre sa quête de l'arme atomique et provoquer une course à l'armement dans une région instable.

Reconnaissant qu'il était "loin d'être parfait", la chancelière a jugé qu'il valait cependant d'être conservé. Et elle a, elle aussi, tenté de vendre au président américain l'idée que le texte n'est qu'une composante d'une nécessaire négociation plus large abordant les ambitions régionales de la République islamique.

"Il ne résoudra pas tous les problèmes qui existent avec l'Iran. C'est un des éléments d'une mosaïque, une pierre à partir de laquelle on peut bâtir une structure plus large", a-t-elle expliqué.

Mais à l'approche de la date-butoir du 12 mai, les signaux sont peu encourageants pour les Européens. Le président républicain semble en effet se préparer à "déchirer" ce texte négocié par son prédécesseur démocrate Barack Obama.

A l'issue de sa visite de trois jours à Washington, Emmanuel Macron a dit avoir le sentiment que Donald Trump allait retirer les Etats-Unis de cet accord "pour des raisons de politique intérieure".

Une nouvelle fois, le dirigeant américain américain est resté évasif. "Ils n'obtiendront pas d'armes nucléaires, ça je peux vous le dire", a-t-il lancé, interrogé sur ce qu'il envisageait comme possible alternative au texte existant.

Excepté Washington, tous les signataires --Paris, Berlin, Londres, l'UE, Pékin et Moscou -- et les inspecteurs internationaux considèrent que Téhéran tient ses engagements.

Les deux dirigeants ont par ailleurs salué l'approbation, par le Sénat, de la nomination de Richard Grenell comme ambassadeur en Allemagne, poste laissé vacant depuis 15 mois.

M. Grenell, 51 ans, est un ancien porte-parole de la mission américaine à l'ONU sous l'administration Bush. Il avait notamment travaillé avec John Bolton, un "faucon" nommé récemment conseiller à la sécurité nationale du président Trump.

Ouvertement homosexuel et partisan du mariage gay, ce consultant en communication avait travaillé dans l'équipe de campagne de Mitt Romney à l'approche de la présidentielle de 2012 avant de devenir très tôt dans la campagne un soutien affiché de Donald Trump, qui l'avait désigné en septembre 2017.

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