Accueil Actu

Argentine: Kirchner devant la justice peu avant son accession à la vice-présidence

Huit jours avant d'accéder à la vice-présidence de l'Argentine, Cristina Kirchner a comparu lundi devant la justice pour corruption présumée, ce qui vise selon elle à "détruire les leaders populaires et démocratiques".

L'ancienne présidente (2007-2015), âgée de 66 ans, est mise en examen dans plusieurs affaires en cours d'instruction pour blanchiment, enrichissement personnel, détournements de fonds ou pour avoir reçu des pots-de-vin. Nombre de ses ex-ministres ont été placés en détention préventive dans ces différents dossiers.

Une poignée de sympathisants de l'ex-présidente attendaient devant les portes du tribunal de Buenos Aires avec une pancarte où l'on pouvait lire "On t'embrasse jusqu'à ton retour. Merci Cristina".

Vêtue d'une veste blanche, elle est arrivée vers 09H30 locales (12H30 GMT) sans faire de déclaration. Elle est repartie quatre heures plus tard, sans faire aucun commentaire. Ses avocats ont demandé sans succès que les débats soient retransmis en direct à la télévision. Quelques unes de ses déclarations, dans lesquelles elle a notamment défendu ses enfants Maximo et Florencia, également impliqués, ont toutefois été brièvement retransmises par une chaîne de télévision.

"Ils ont empêché que mes enfants et moi-mêmes disposions de cartes de crédit", a-t-elle lancé en faisant référence au gel de ses avoirs bancaires. Elle a également dénoncé ce qu'elle a appelé des "raids cinématographiques" contre ses trois domiciles et des "écoutes illégales".

- "L'Histoire vous condamnera" -

La vice-présidente élue a également mis en ligne sur son compte Twitter une vidéo reprenant son intervention devant les magistrats. "L'Histoire m'a blanchie et me blanchira et vous, elle vous condamnera", a-t-elle lancé en concluant son intervention.

"Ceux qui vont devoir expliquer pourquoi elle se retrouve dans ce procès sont ceux qui l'ont conduite" devant la justice, a déclaré à la sortie Carlos Beraldi, son principal avocat, dénonçant une motivation politique.

"En Argentine, comme dans le reste de l'Amérique latine, l'articulation entre les médias de communication hégémoniques et l'appareil judiciaire, afin de diaboliser et détruire les leaders des gouvernements populaires et démocratiques, est devenu un plan systématique", a encore déclaré sur Twitter l'ex-présidente peu avant l'audience.

Co-listière d'Alberto Fernandez qui a remporté la présidentielle en octobre, Mme Kirchner doit prendre ses fonctions de vice-présidente le 10 décembre.

Dans cette affaire, Mme Kirchner est jugée pour l'attribution frauduleuse, pendant sa présidence, de marchés publics dans son fief de la province de Santa Cruz, en Patagonie, au bénéfice de l'homme d'affaires Lazaro Baez, dont les entreprises remportaient la plupart des appels d'offres.

Cette province sous-peuplée qui s'étend des Andes à l'Atlantique a concentré un niveau inhabituel de chantiers publics durant les années Kirchner, sur-facturés et souvent non terminés, relève l'acte d'accusation.

Mme Kirchner, mise en examen dans huit dossiers de corruption, est protégée par son immunité parlementaire de sénatrice. Une fois vice-présidente, et donc également présidente du Sénat, son immunité ne pourra lui être retirée qu'au terme d'une procédure devant le Parlement.

"CFK", comme on la surnomme en Argentine par ses initiales, avait succédé à son mari Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007. Il est décédé d'une crise cardiaque en 2010.

À lire aussi

Sélectionné pour vous