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Arménie: Nikol Pachinian, l'ancien fugitif "prêt" à être Premier ministre

Le député Nikol Pachinian, 42 ans, ancien journaliste et opposant de longue date, qui s'est déclaré mardi être "prêt à diriger" l'Arménie, a mené avec succès le mouvement de protestation dans le pays ayant conduit lundi à la démission du Premier ministre Serge Sarkissian.

"Si le peuple me confie cette responsabilité, je suis prêt à l'assumer", a annoncé M. Pachinian, alors que l'alliance politique qu'il a formée avec deux autres partis pour accéder au Parlement, intitulée "Sortie", ne compte actuellement que 9 députés sur 105 au Parlement.

Il y a encore quelques semaines, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que Nikol Pachinian serait capable de faire sortir dans la rue des dizaines de milliers d'Arméniens pour protester contre le maintien au pouvoir de Serge Sarkissian.

Pour beaucoup, Pachinian est associé à un souvenir tragique: la mort de 10 personnes en 2008 dans des manifestations contre la victoire à la présidentielle de Serge Sarkissian, déjà lui, qui avaient tourné en émeutes et en bataille rangée avec la police.

Nikol Pachinian faisait déjà partie des meneurs de la contestation. Après la répression de la manifestation, il était passé dans la clandestinité pendant plusieurs mois avant de se rendre à la police en 2009.

Condamné à sept ans de prison en janvier 2010, Nikol Pachinian avait été libéré en 2011 à la faveur d'une amnistie.

Brillant orateur, connu pour son franc-parler et ses questions gênantes, qu'il n'hésite pas à poser au Parlement depuis que le parti qu'il a créé ("Contrat civil") y a fait son entrée en 2017, Nikol Pachinian s'est imposé comme l'opposant le plus efficace de Serge Sarkissian.

Il n'hésite pas non plus à donner de sa personne, quitte à se mettre en scène. Blessé lors d'échauffourées avec la police lors des manifestations des derniers jours, il est apparu depuis avec le bras bandé et des coquards autour des yeux.

"Pachinian est différent de la plupart des personnalités de l'opposition car il est audacieux, il n'a pas peur, il est créatif", explique à l'AFP le sociologue Guevorg Pogossian.

- "A l'aise partout" -

Avant le début du mouvement ayant conduit à la démission de Serge Sarkissian, Nikol Pachinian avait par exemple parcouru à pied avec ses supporters les 200 kilomètres séparant Gioumri, deuxième ville du pays, et Erevan, dormant parfois à la belle étoile.

Une créativité également visible durant la campagne des dernières élections législatives, au cours de laquelle il a multiplié les meetings improvisés dans des arrière-cours ou sur des toits de garage.

Ces actions ont valu à ce père de quatre enfants une partie de sa popularité, notamment auprès des jeunes ayant grandi après la chute de l'Union soviétique et l'indépendance du pays en 1991.

Pour l'analyste Alexandre Iskandarian, l'opposition arménienne a été quasiment réduite à néant et Nikol Pachinian en est aujourd'hui l'unique figure de proue. "L'opposition arménienne, aujourd'hui, c'est lui", affirme-t-il.

Interrogé la semaine dernière sur sa crainte d'une éventuelle arrestation, l'ancien journaliste a répondu se sentir "à l'aise partout en Arménie, que ce soit chez moi, dans la rue ou en prison".

Interpellé dimanche, Nikol Pachinian a été libéré lundi, et il s'est aussitôt empressé de rejoindre les manifestants. "Tout le monde a déjà compris que nous avons gagné!", avait-il alors lancé avant de féliciter "les fiers citoyens d'Arménie" et ce "peuple victorieux", une fois la démission de Serge Sarkissian officialisée.

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