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Arménie: Nikol Pachinian, l'ancien journaliste résolu à devenir Premier ministre

Le député Nikol Pachinian, 42 ans, est un ancien journaliste et opposant de longue date, qui rêve de devenir le nouveau Premier ministre de l'Arménie le 8 mai, malgré un premier échec, et après avoir mené des manifestations antigouvernementales pendant une vingtaine de jours.

Il y a encore quelques semaines, peu nombreux étaient ceux qui auraient parié qu'il serait capable de faire descendre dans la rue des dizaines de milliers d'Arméniens.

En quelques jours, il s'est imposé comme le chef incontestable de la fronde antigouvernementale qui a poussé à la démission le 23 avril Serge Sarkissian, tout juste élu Premier ministre six jours auparavant, après avoir été le chef de l'État pendant dix ans.

Souvent habillé d'un T-shirt kaki et d'une casquette noire, connu pour son franc-parler, Nikol Pachinian a rappelé n'être "pas un nouveau venu dans la politique arménienne", dans des déclarations à l'AFP.

M. Pachinian faisait déjà partie de la contestation en 2008 contre la victoire de Serge Sarkissian à l'élection présidentielle. Pour beaucoup d'Arméniens, son nom est associé au souvenir tragique de la mort de 10 personnes, lorsque le mouvement de protestation avait tourné à l'émeute et à la bataille rangée avec la police.

Après la répression de la manifestation, il était passé dans la clandestinité pendant plusieurs mois avant de se rendre à la police en 2009.

Condamné à sept ans de prison en janvier 2010, il avait été libéré en 2011 à la faveur d'une amnistie.

Brillant orateur, célèbre pour les questions gênantes qu'il n'hésite pas à poser au Parlement depuis que le parti qu'il a créé ("Contrat civil") y a fait son entrée en 2017, Nikol Pachinian est rapidement devenu l'opposant le plus efficace à Serge Sarkissian.

- "Pro-arménien" -

Après environ trois semaines de manifestations, l'opposant a parcouru l'Arménie, s'arrêtant dans des villes et villages où il a été accueilli en héros, promettant la "victoire du peuple" et de sa "révolution de velours".

"Nikol Pachinian a changé la méthodologie: il a fait de la société un acteur du processus, il a donné aux gens un levier d'action, il a dit: vous devez faire les choses par vous-mêmes", estime le politologue Hakob Badalian, interrogé par l'AFP.

"Pour moi, il était clair que le peuple arménien attendait le moment adéquat pour s'exprimer", a déclaré à l'AFP M. Pachinian. "Je pense que le peuple a pris le contrôle de la situation", a-t-il ajouté.

"Les Premiers ministres viendront et partiront (...) mais ils savent désormais que s'ils dépassent les limites, le peuple dira: +Nous sommes les maîtres de notre pays", a-t-il lancé lors d'un rassemblement de ses partisans à Erevan.

Au cours de la campagne des dernières élections législatives, M. Pachinian avait déjà séduit par sa simplicité, multipliant les meetings improvisés dans des arrière-cours ou sur des toits de garage.

Ces actions ont valu à ce père de quatre enfants une partie de sa popularité, notamment auprès des jeunes ayant grandi après la chute de l'Union soviétique et l'indépendance du pays en 1991.

De plus, blessé dans des échauffourées avec la police au cours des dernières manifestations, il est apparu pendant plusieurs jours avec le bras bandé.

Pour l'analyste Alexandre Iskandarian, l'opposition arménienne a été quasiment réduite à néant et Nikol Pachinian en est aujourd'hui l'unique figure de proue. "L'opposition arménienne, aujourd'hui, c'est lui", affirme-t-il.

Reste à savoir ce qu'il deviendra une fois passé de l'opposition au gouvernement: M. Pachinian a promis de publier un programme politique d'ici vingt jours.

"Je suis pro-arménien (...) Être un homme politique en Arménie pour moi cela signifie être pro-arménien", a-t-il martelé lundi.

M. Pachinian a pris soin de ménager l'allié traditionnel qu'est la Russie et il a souligné que l'alliance avec Moscou resterait avec lui un axe essentiel de la politique arménienne.

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