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Armes aux Etats-Unis: débat nourri, peu d'avancées

Depuis deux semaines, on parle beaucoup aux Etats-Unis de lutte contre les armes à feu, et jamais le président Trump n'a autant semblé prêt à agir: mais gare au pétard mouillé, les mesures pourraient se révéler limitées.

- Interdiction des fusils d'assaut -

Sauf coup de théâtre, celle-ci n'aura pas lieu. En tout cas, pas tant que le Congrès et la Maison Blanche seront contrôlés par les républicains.

C'est pourtant la mesure exigée prioritairement par les élèves rescapés du carnage au lycée de Parkland, en Floride, où un jeune homme a fait 33 victimes dont 17 morts avec son arme semi-automatique.

Depuis le drame, pratiquement aucun législateur du Grand Old Party n'a proposé de bannir les fusils d'assaut, et le président américain s'est gardé de toute promesse.

"On va regarder", a déclaré mercredi M. Trump à la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui lui faisait remarquer la baisse des tueries enregistrées après que le Congrès eut adopté en 1994 une loi bannissant durant 10 ans les fusils d'assaut. Ils sont aujourd'hui légaux dans plus de 40 Etats.

On retrouve des fusils d'assaut --variantes civiles d'armes militaires-- dans les six derniers grands massacres aux Etats-Unis.

- Armer les enseignants -

Cette idée défendue par Donald Trump a suscité un émoi national. Elle a été jugée ridicule ou dangereuse par les fédérations enseignantes et certains responsables policiers.

La mesure est au contraire soutenue par la National Rifle Association (NRA), le premier lobby des armes aux Etats-Unis.

On imagine mal une loi fédérale sur le sujet --M. Trump a évoqué un quota de 20% d'enseignants armés--, en revanche tout est possible au niveau local.

- Age légal d'achat -

Selon la loi fédérale, il faut avoir au moins 21 ans pour acheter une arme de poing, mais paradoxalement il est possible d'acquérir un fusil d'assaut à partir de 18 ans.

De nombreuses voix appellent aujourd'hui à relever l'âge minimum d'achat à 21 ans pour ces armes à grand pouvoir létal. La NRA y est farouchement opposée. Les parlementaires républicains accueillent cette hypothèse avec froideur.

Le président Trump a lui donné des signaux contradictoires. Lors d'une discussion avec des parlementaires mercredi à la Maison Blanche, il a ainsi estimé que l'idée avait du mérite.

Mais après une réunion avec la NRA que Donald Trump a qualifiée de "bonne" et "grande", le directeur du lobby Chris Cox, a lui assuré sur son compte twitter: le président "ne veut pas de contrôle des armes".

- Enseignes de distribution -

Trois enseignes distribuant notamment des articles de chasse et d'activités en plein air --Walmart, Dick's Sporting Goods et Kroger-- ont annoncé cette semaine relever à 21 ans l'âge d'achat des armes.

D'autres entreprises ont ces derniers jours pris leurs distances avec la NRA, comme Delta. Mais les répercussions se sont faites sentir pour la compagnie aérienne basée à Atlanta: l'Etat conservateur de Géorgie a retiré de son budget une dérogation fiscale qui aurait rapporté 38 millions de dollars à Delta.

- Chargeurs à grande capacité -

Là aussi, des appels s'élèvent pour revenir à l'interdiction des magasins pouvant contenir de 10 à 30 balles, voire 100. Ils sont actuellement prohibés par huit Etats et la capitale Washington.

Mais interdire ces chargeurs, qu'on achète facilement sur internet, est un défi. Six jours après le massacre de Parkland, les élus républicains du Parlement de Floride ont fait capoter une proposition de loi en ce sens. Il risque d'en être de même au niveau national.

- Contrôles d'antécédents des acquéreurs -

C'est sur ce sujet de portée relativement mineure qu'une avancée est la plus attendue. Une vaste majorité des Américains y sont favorables, tout comme le président Trump et des élus des deux bords.

L'objectif est de palier les carences dans les contrôles fédéraux des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs avant d'autoriser toute vente d'armes.

Le Congrès débat d'une proposition de loi présentée par le sénateur républicain John Cornyn et son collègue démocrate Chris Murphy.

Mais contourner la loi restera possible, notamment en achetant une arme en ligne ou dans une foire itinérante.

Une autre proposition législative à l'étude, corrigeant ces failles, était soutenue jeudi par 200 représentants, parmi lesquels 11 républicains. La majorité à atteindre est 218 voix.

- 'Bump stocks' -

Ces dispositifs permettant à un fusil semi-automatique de tirer en rafales quasi-automatiques vont être interdits, a promis mercredi Donald Trump. La NRA ne s'est pas vraiment mobilisée sur ce sujet marginal.

Les "bump stocks" sont cependant toujours légaux cinq mois après la tuerie de Las Vegas. Le tireur avait 12 de ses fusils équipés d'un tel système. Il a tiré à une cadence allant jusqu'à 9 balles par seconde et a fait 58 morts et près de 500 blessés.

- Désarmer certaines personnes -

Donald Trump a exprimé son envie de "retirer leurs armes" aux personnes représentant des risques. Jeudi, les sénateurs républicain Marco Rubio et démocrate Chuck Schumer ont appelé à la création d'une loi qui autoriserait la police et les familles des personnes dangereuses à les désarmer temporairement.

"Les membres de la famille, du foyer, ou les forces de l'ordre devraient avoir le droit de demander à un tribunal que ces personnes n'aient pas accès à une arme à feu pendant qu'ils représentent un danger pour les autres", a déclaré Chuck Schumer.

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