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Assigné, expulsé: incertitude pour l'islamiste Beghal, qui sort de prison le 16 juillet

Devenu en France le symbole d'un islamisme mondialisé, Djamel Beghal sortira de prison le 16 juillet. Paris veut expulser cet Algérien déchu de sa nationalité française mais il pourrait être assigné à résidence sur le sol français si aucun accord n'est trouvé avec Alger.

Considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, Djamel Beghal, 52 ans, est dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990. Il a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste.

Il termine de purger une seconde peine de 10 ans de prison pour un projet d'évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en 1995 à Paris.

"Nous travaillons avec les Algériens pour qu'ils accueillent Beghal qui n'a plus la nationalité française", mais "si l'Algérie n'en veut pas, il sera assigné à résidence", a indiqué la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Selon elle, les choses peuvent "tout à fait se résoudre" d'ici à sa sortie du centre pénitentiaire de Rennes-Vézin.

Beghal lui-même est favorable à cette option. "Il y a 10 ans, nous avions bloqué son expulsion vers l'Algérie en raison du risque de torture encouru. Le climat lui apparaît désormais plus apaisé", a expliqué à l'AFP son avocat Bérenger Tourné.

"Djamel Beghal ne veut pas se retrouver à nouveau assigné à résidence, ce qui revient à rester privé de liberté d'aller et venir (...). Rien ne devrait s'opposer à son expulsion puisque tous savent qu'il est algérien", a-t-il ajouté, précisant avoir déposé depuis début 2017 une demande de "libération conditionnelle-expulsion" vers l'Algérie.

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Pour un bon connaisseur de ces dossiers, il est impossible que l'expulsion se fasse sans l'accord du pays de renvoi. Mais la France doit s'assurer que Beghal ne sera pas soumis à des traitements inhumains ou dégradants, sous peine d'être à la merci d'un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Sollicité par l'AFP, le parquet général de Rennes a confirmé que Djamel Beghal, qui a bénéficié comme la loi le permet de réductions de peine, aurait "fini de purger sa peine le 16 juillet".

A partir de cette date, "si l'autorité administrative le décide, il peut y avoir une mesure de reconduite à la frontière, avec rétention", a-t-on précisé de même source.

Le jour de sa libération, Djamel Beghal aura effectué près de 17 ans de détention dans les prisons françaises. Il est devenu une référence pour trois générations d'apprentis jihadistes.

Né en Algérie, il avait obtenu la nationalité française par mariage. Après des passages en Afghanistan, au Pakistan ou à Londres, il avait été arrêté en 2001 aux Emirats arabes unis puis extradé vers la France.

Condamné en 2005, il avait reconnu, avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis, avoir été mandaté par un proche de Ben Laden pour préparer un attentat contre l'ambassade et un centre culturel américains.

C'est à la prison de Fleury-Mérogis qu'il fait la connaissance des futurs auteurs des tueries de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher. Selon les enquêteurs, il devient leur "mentor", respecté pour sa "science religieuse".

Libéré en 2009, il est assigné à résidence dans le Cantal, en attendant une possible expulsion - à laquelle s'oppose alors la CEDH. Des photos le montrent au côté d'Amédy Coulibaly, venu lui rendre visite. Il est à nouveau arrêté en 2010, et a passé au total une dizaine d'années à l'isolement.

La France a déjà expulsé des dizaines de personnes considérées comme des islamistes radicaux. Mais une poignée d'ex-détenus restent assignés sur le territoire français: c'est le cas de Kamel Daoudi, condamné lors du même procès que Beghal en 2005 et assigné à résidence depuis 2008.

Au total, près de 450 détenus radicalisés doivent sortir des prisons françaises d'ici fin 2019, parmi lesquels une cinquantaine de "terroristes islamistes".

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