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Athlétisme: Rojas, la "reine" de Tokyo revient sur ses terres au Venezuela

La "reine" est de retour. Accueillie par une centaine de personnes à l'aéroport puis en grande pompe sur la place Venezuela de Caracas, Yulimar Rojas, championne olympique du triple saut avec record du monde à la clé, ne boude pas son plaisir : chantant et dansant sur les podiums, elle crie sa joie d'être revenue au pays après une année "loin des siens".

"J'ai le sourire qui va d'une oreille à l'autre. Quelle joie de voir tous ces gens qui m'attendent ! Je n'ai rien connu de pareil", affirme Yulimar Rojas, 25 ans, médaille d'or olympique autour du cou, brandissant le trophée de la Ligue de diamant, récompensant toute la saison d'athlétisme.

Les yeux cernés par la vingtaine d'heures de voyage, Yulimar, cheveux courts platine, embrasse à l'aéroport sa famille. Quelques uns versent une petite larme. "Même si on se parle tous les jours au téléphone, je suis émue après un an sans la voir. Et là, elle revient chargée : championne, olympique, record du monde, Ligue de diamant", sourit sa soeur Yerilda Zapata.

- "Première femme" -

"C'était la saison parfaite, assure Yulimar Rojas. A Rio (2e des JO-2016), il m'avait manqué quelques centimètres. Là, j'ai pu gagner. La Ligue de diamant, j'avais échoué deux fois et la troisième a été la bonne... Pour moi, c'était un rêve de devenir la première femme vénézuélienne à conquérir l'or olympique (2 médailles d'or masculine en 1968 et 2012)", lance-t-elle à ses supporters à Caracas, après un trajet de vingt minutes dans son carrosse, un bus à impériale.

"Le rêve peut devenir réalité. Tu peux y arriver avec du travail et de la persévérance. Cette victoire n'est pas seulement la mienne, elle est à vous tous", ajoute-elle, recevant les hourras de la foule.

La reine, 1m92, dépasse ses sujets de plusieurs têtes. Celle qui n'a pas oublié ses origines modestes se penche pour saluer des enfants, saute dans tous les sens pour scander "Yulimar" ou "Venezuela !" et danse sur les rythmes latins avec des pas qui ressemblent à ceux qu'elle réalise avant ses sauts.

La monarque n'hésite pas à parler d'elle même à la troisième personne, mais sans prétention.

"Il y a beaucoup d'eux en moi, et moi je suis en eux. Je suis émue, très, très contente. Heureuse d'être au Venezuela. Il faut que je profite avec les miens", confie-t-elle.

- "Aguerrie" -

Les fans la saluent, agitent leurs bras. "Pour moi, c'est une fierté que Yulimar gagne l'or. Elle montre que les femmes peuvent réussir ce qu'elles entreprennent", assure Maria De Los Angeles Flores, fonctionnaire.

Jhonny Tamiche, danseur, se dit aussi heureux que les gens viennent accueillir la championne. "Elle le mérite. Et, elle mérite beaucoup plus!"

"C'est la record du monde de l'émotion", affirme le speaker Victor Cordero.

Mais, la politique n'est jamais loin. Sur la place Venezuela, les autorités, présentes en nombre, ont fait tirer des fusées et des pétards, pleuvoir une pluie de confettis.

Le pouvoir du président socialiste Nicolas Maduro encense régulièrement l'athlète.

Parmi les fans, Hernan Quintero, membre de l'orchestre symphonique vénézuélien, venu avec son fils.

"Au pire moment de la crise, dans les pires circonstances ! C'est la victoire de la lutte pour la libération de toute l'Amérique du sud", clame le musicien, alors que le pays a vu son Produit intérieur brut (PIB) chuter de 80% depuis 2013, notamment en raison de la baisse des cours du pétrole mais aussi de la crise politique.

Le pays fait l'objet de sanctions économiques notamment des Etats-Unis qui cherchent à évincer du pouvoir Nicolas Maduro, dont l'élection n'a pas été reconnue par une cinquantaine de pays.

Sur scène, Yulimar reste au-dessus de la mêlée et annonce : les victoires de 2021 ne sont "que le début d'autres victoires et d'autres médailles (...) avec une Yulimar différente, aguerrie!"

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