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Athlétisme: Thiago Braz impatient de renouer avec la compétition à Rouen

Sauter à nouveau pour enfin dépasser Rio: le perchiste brésilien Thiago Braz, champion olympique à domicile, dit son impatience de renouer avec la compétition samedi à Rouen, face notamment à Renaud Lavillenie, son dauphin des Jeux copieusement sifflé par le public carioca.

"La saison en salle doit servir à briser la glace. Si je saute 5,70 m/5,80 m, ça sera un bon début, un bon retour", explique de sa voix douce le jeune homme, joint au téléphone par l'AFP.

"Il faut que j'arrive à Rouen préparé à tout, même aux sifflets", remarque le natif de Marilia, près de Sao Paulo.

A Rio, Thiago Braz avait amélioré sa marque personnelle de 10 centimètres pour signer un nouveau record olympique à 6,03 m, et devancer le tenant du titre Lavillenie (5,98 m).

Conspué par le public lors de ses derniers sauts, le Français avait fustigé l'attitude des supporters brésiliens. De nouveau sifflé le lendemain au moment de la remise des médailles, le Français avait craqué, en larmes, sur le podium.

- Préparation polonaise -

Avec le groupe de son coach ukrainien Vitaly Petrov, Thiago Braz a passé janvier en Pologne, au centre de préparation olympique de Spala, où les conditions d'entraînement sont meilleures qu'à Formia, près de Rome, son habituel camp de base ouvert au froid et aux quatre vents.

"Tutto bene, siamo tranquilli (tout va bien, nous sommes tranquille)", lance-t-il dans la langue de Dante qu'il maîtrise de mieux en mieux. En fait l'expression cache une intranquillité. "J'ai eu pas mal de soucis à gérer et je n'avais pas la tête à l'entraînement", consent-il.

"Il a changé de maison à Formia, de statut social et économique (et notamment renégocié le contrat avec son équipementier), de manager. Il est reparti dix jours au Brésil pour son groupe militaire (aviation)", remarque M. Petrov. Et de préciser: "Nous avons beaucoup moins de jours d'entraînement comparé à l'an dernier à la même époque: 124 contre 83".

"Je ne suis pas un magicien. Ce qui compte, c'est le programme. Thiago a été champion olympique à 22 ans et demi et il doit digérer tout ce qui lui est arrivé ces derniers mois. Aussi nous avons opté pour un redémarrage en douceur cet hiver", rappelle le mentor.

"Je dois m'entraîner plus. Après les trois concours en salle (Rouen, Clermont-Ferrand et Berlin, ndlr), je couperai une semaine fin mars. On commencera alors la préparation véritable pour la saison estivale. Je veux à nouveau sauter plus de six mètres avant les Mondiaux de Londres", enchaîne Thiago Braz.

Très croyant, le perchiste brésilien s'en remet aveuglément pour la technique à Petrov, ex-entraîneur des légendes Sergueï Bubka, qu'il a façonné dès le plus jeune âge, et Yelena Isinbayeva. Petrov est aussi quelque part un père pour le champion olympique abandonné jeune enfant par sa mère et élevé par ses grands-parents.

- Concessions -

"Au début, cela n'a pas toujours été simple à Formia. Il fallait se comprendre avec Vitaly, chacun avec sa culture. Comme pour le mariage, il faut faire des concessions", souligne Thiago Braz, mariée depuis deux ans avec la sauteuse en hauteur Ana Paula de Oliveira, à ses côtés à Spala.

Passionné de drones, Thiago Braz veut prendre de la hauteur et ne pas s'enfermer dans un duel particulier avec Lavillenie, tout en reconnaissant l'importance du détenteur du record du monde (6,16 m) dans l'intérêt suscité par sa discipline extrême. Il n'oublie pas le jeune Canadien Shawn Barber, champion du monde à 21 ans en 2015 mais la tête ailleurs à Rio.

"Lavillenie a été un aiguillon pour une nouvelle génération. La perche vit une période intéressante", estime Thiago Braz, champion du monde juniors en 2012 à Barcelone, où Barber avait pris le bronze.

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