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Attaque contre un rassemblement politique à Kaboul, revendication de l'EI

Une attaque au mortier visant une cérémonie à laquelle participaient de nombreux politiciens afghans de haut rang a fait au moins trois morts jeudi à Kaboul, selon des sources officielles.

Elle a été revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI).

Le 24e anniversaire de la mort du leader chiite hazara Abdul Ali Mazari, commémoré dans une enceinte à l'air libre à l'est de Kaboul, était retransmis en direct par les télévisions afghanes quand une explosion a retenti.

L'ancien président de l'assemblée nationale, Mohammad Younus Qanooni, alors sur scène, a tenté de rassurer l'audience: "Restez calmes, la zone de l'explosion est éloignée de nous".

Mais immédiatement, une seconde explosion, plus forte, a résonné, provoquant un mouvement de foule dans un concert de cris.

"Je demande à nos concitoyens de rester calmes. L'attaque au mortier est loin de notre rassemblement", a lancé une seconde voix au microphone alors que des tirs d'armes automatiques étaient perceptibles.

La retransmission en direct s’est ensuite interrompue.

"Heureusement, aucun obus de mortier n'a atteint le rassemblement", s'est réjoui le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Nasrat Rahimi.

Il a précisé que l'attaque avait été lancée à partir d'un immeuble proche que la police a pris d'assaut, tuant deux assaillants et arrêtant "le principal suspect".

Une source sécuritaire a indiqué à l'AFP qu'au moins 12 obus avaient été tirés, certains touchant des habitations proches.

L'attaque a été revendiquée par l'Etat islamique (EI) sur son site internet de propagande Amaq.

L'EI avait revendiqué par le passé de nombreuses attaques contre la communauté chiite, visant notamment des mosquées.

Mais le groupe radical islamiste ne s'était pas manifesté ces derniers mois, les talibans et les forces afghanes et américaines ciblant leur bastion de plus en plus réduit dans l'est de l'Afghanistan, près de la frontière pakistanaise.

- "Horrible et impardonnable" -

Le bilan en fin de journée était de trois morts et 32 blessés, dont une femme et trois enfants.

"Quand j'ai commencé à fuir, une forte explosion est survenue et j'ai été touché dans le dos par des éclats. Deux personnes à côté de moi saignaient du crâne et dans le cou", a témoigné depuis son lit d'hôpital Danish, interrogé par la télévision afghane.

Le candidat à la présidentielle de juillet, Abdul Latif Pedram, a été légèrement blessé, selon sa page Facebook.

Un autre candidat déclaré, Haneef Atmar, a précisé que huit de ses garde du corps avaient été blessés, qualifiant l'attaque d'"horrible et impardonnable".

Plusieurs autres hauts responsables politiques afghans participaient à cette commémoration, dont le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah et l'ex-président Hamid Karzaï.

"La façon dont ces assaillants ont réussi à pénétrer dans ce quartier chiite, à franchir tous les cordons de sécurité et à attaquer un rassemblement aussi important témoigne d'un échec majeur en matière de sécurité et de renseignement", a commenté auprès de l'AFP l'analyste sécuritaire Atiqullah Amarkhail.

- Poursuite des négociations -

La dernière attaque d'ampleur à Kaboul remonte à janvier, lorsque les talibans avaient revendiqué un attentat contre un complexe sécurisé.

Malgré les pourparlers engagés entre les Etats-Unis et les talibans à Doha pour tenter de mettre un terme au conflit qui déchire l'Afghanistan depuis 2001, les combats demeurent quotidiens à travers tout le pays.

Vendredi dernier, les talibans avaient tué au moins 23 membres des forces de sécurité afghanes dans une attaque coordonnée contre une base militaire conjointe américano-afghane du Sud-Ouest.

Mercredi, le ministère de la Défense a annoncé la mort de 92 "terroristes" en 24 heures dans un tiers du pays.

Entamé le 25 février, un nouveau cycle de négociations est en cours, le plus long entre les deux parties depuis fin janvier, quand six jours consécutifs de discussions s'étaient conclus sur une "ébauche d'accord".

"Des progrès ont été réalisés" mais "il reste encore du travail à faire", a affirmé mardi le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino.

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