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Attentat avorté de Villejuif en 2015: le procès se rapproche pour le tueur présumé d'Aurélie Châtelain

Un carnage avait été évité de peu ce dimanche d'avril 2015 dans une église de Villejuif: quatre ans après cet attentat avorté qui a coûté la vie à une jeune femme, le parquet antiterroriste a requis un procès aux assises pour Sid Ahmed Ghlam et neuf autres suspects.

Selon une source judiciaire et une source proche du dossier, le PNAT a demandé le renvoi de Sid Ahmed Ghlam devant les assises pour "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", "association de malfaiteurs terroriste" et "recel de délit".

Parmi les autres suspects, le parquet veut voir jugés pour "complicité" quatre hommes, dont deux sont toutefois présumés morts dans la zone irako-syrienne.

Il revient désormais aux juges d'instruction de rendre leur décision sur la tenue de ce procès. Mais le temps presse, car le principal suspect est en détention sans avoir été jugé depuis 4 ans et demi, approchant de la limite légale.

Ce 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien âgé de 23 ans et fiché S pour radicalisation islamiste, avait lui-même appelé les secours après s'être tiré une balle dans la jambe. Alertés, les policiers avaient découvert dans sa voiture et sa chambre du XIIIe arrondissement de Paris quatre kalachnikovs, deux armes de poing et des gilets pare-balles.

L'analyse de son ordinateur a révélé qu'il projetait d'attaquer le jour de son arrestation, un dimanche, une église à Villejuif, près de Paris. Il est soupçonné d'avoir tué sur son passage une professeure de fitness de 32 ans, Aurélie Châtelain, dans sa voiture, une rencontre imprévue qui aurait contrecarré ses plans.

Sid Ahmed Ghlam nie ce meurtre, assurant qu'elle a été tuée accidentellement par un mystérieux complice dont il est le seul à affirmer l'existence, thèse jugée peu crédible par les enquêteurs.

Il affirme aussi s'être volontairement ravisé et mutilé pour empêcher l'attentat.

"Depuis la première heure, son discours a toujours été le même, il dit qu'il a tout fait pour que cela ne se produise pas", a réagi auprès de l'AFP Me Gilles-Jean Portejoie, son avocat. "Il conteste tous les faits qui lui sont reprochés".

- Téléguidé par l'EI -

Il a toutefois reconnu avoir été téléguidé par le groupe Etat islamique (EI) pour attaquer cette église, trois mois après les attaques de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, qui ont amorcé une vague d'attentats jihadistes sans précédent en France.

Dès lors, une question planait tout au long des investigations: la cible de Villejuif s'inscrivait-elle dans un vaste plan d'actions en Europe du groupe jihadiste, avant l'attaque d'un Thalys en août 2015 et les raids meurtriers du 13-Novembre dans la capitale et à Saint-Denis?

Les policiers ont rapidement décrypté les échanges de Ghlam avec deux donneurs d'ordre de l'EI, Abou Moutana et Amirouche, qui lui donnaient pour instruction de trouver "une bonne église avec du monde".

Les enquêteurs pensent que derrière ces noms se cachent deux vétérans du jihad, visés depuis deux ans par des mandats d'arrêt mais présumés morts : Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), et Samir Nouad, considéré comme l'un des donneurs d'ordre d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015.

Les enquêteurs pensent également avoir identifié Abdelhamid Abaaoud parmi les interlocuteurs de M. Ghlam, derrière le pseudonyme Abou Omar. Mais Sid Ahmed Ghlam a réfuté toute connexion avec le jihadiste belgo-marocain.

Le nom de Fabien Clain, voix de la revendication du 13-Novembre, réputé mort en février en Syrie, est aussi apparu dans l'enquête.

Pour les sept autres suspects aux mains de la justice française, le parquet antiterroriste a par ailleurs demandé que deux d'entre eux soient jugés pour "complicité d'assassinat et de tentative d'assassinat", trois uniquement pour "association de malfaiteurs terroriste" et deux pour "infraction à la législation sur les armes".

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