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Attentat déjoué contre l'opposition iranienne: la France remettra un suspect à la Belgique

Un suspect bientôt remis par la France à la Belgique, un diplomate iranien détenu en Allemagne: après la mise en échec fin juin d'un attentat contre l'opposition iranienne près de Paris, l'affaire connaît de nouvelles étapes mais les contours du projet restent flous.

Dans cette affaire à la forte résonance diplomatique, l'enquête est menée par la Belgique en coopération avec les autorités judiciaires françaises et allemandes.

Qualifié de "complice présumé" par les autorités belges, Merhad A., un Belgo-Iranien de 54 ans interpellé en France, a donné son accord pour être remis à la Belgique, mercredi devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.

Il avait été arrêté le 30 juin, jour du rassemblement des Moudjahidine du peuple iranien (MEK) organisé à Villepinte, près de Paris, auquel participaient deux personnalités proches du président américain Donald Trump, l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich et l'ex-maire de New York Rudy Giuliani.

Le même jour, un couple belge d'origine iranienne, soupçonné d'avoir planifié l'attentat, avait été arrêté à Bruxelles en possession de 500 grammes de TATP, un explosif artisanal très instable, dans sa voiture, et un diplomate iranien, contact de ce couple, avait été interpellé en Allemagne.

Après la garde à vue de Merhad A. en France, un juge d'instruction belge avait émis le 3 juillet à son encontre un mandat d'arrêt européen pour "tentative d'assassinat terroriste" et "préparation d'attentat" en vue de son audition et d'une éventuelle mise en examen.

Dans la mesure où le suspect, qui comparaissait détenu, a donné son accord, son transfert à la Belgique devrait se faire dans un délai de 20 jours maximum, mais son avocate a demandé que le processus soit accéléré, invoquant ses "problèmes de santé sérieux".

- "Renseignement anonyme" -

Selon les magistrats de la cour d'appel, Merhad A., qui encourt 30 ans de prison, a été interpellé dans sa chambre d'hôtel à Paris à la suite d'"un renseignement anonyme" . L'homme était en possession d'un téléphone portable doté d'une carte SIM autrichienne, qui ne contenait qu'un seul numéro de téléphone, autrichien lui aussi, ont indiqué les magistrats sur la base des éléments transmis par la justice belge.

La justice allemande a annoncé de son côté mercredi que le diplomate iranien interpellé en Allemagne avait été placé en détention provisoire "il y a deux jours" pour "activités de renseignement" et "complot en vue de commettre un meurtre". Une mesure qui "n'empêche pas" son extradition réclamée par la justice belge.

Cet homme en poste en Autriche, présenté par des opposants iraniens comme s'appelant Assadollah Assadi, 46 ans, est soupçonné d'appartenir au ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité, au sein duquel il est chargé de "l'observation et de la lutte contre les groupes d'opposition à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran", selon le parquet fédéral allemand, compétent dans les affaires de terrorisme et d'espionnage.

Selon la même source, il est soupçonné d'avoir remis au couple interpellé en Belgique des explosifs lors d'une réunion en juin à Luxembourg.

Environ 25.000 personnes ont assisté à la conférence organisée en France par les Moudjahidine du peuple iranien, un parti d'opposition fondé en 1965 et interdit par les autorités iraniennes depuis 1981.

Deux jours avant le rassemblement, le parquet français avait ouvert une enquête pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

L'annonce de ces arrestations avait coïncidé avec le début d'une tournée européenne de trois jours du président iranien Hassan Rohani.

Téhéran a dénoncé une machination visant à discréditer le pays au moment où il fait face à des tensions diplomatiques majeures avec les États-Unis. Washington s'est retiré en mai de l'accord nucléaire par lequel l'Iran s'était engagé à mettre un terme à ses activités nucléaires en échange d'un allègement des sanctions.

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