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Au Cachemire pakistanais, des habitants sur le qui-vive face à l'Inde

A Chakothi, village du Cachemire pakistanais, écoles et bazars restaient ouverts jeudi mais les habitants, sur le qui-vive, retapaient leurs bunkers face à de possibles représailles indiennes sur fond de nouvelle crise diplomatique.

Ce village de quelque 3.000 habitants, situé à peine à trois kilomètres de la "Ligne de contrôle" qui sert de facto de frontière entre les deux parties du Cachemire contrôlées par l'Inde et le Pakistan, conservait son activité habituelle en dépit des échanges accusateurs entre les deux capitales cette semaine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ecoliers et collégiens se rendaient à leurs cours comme à l'accoutumée et les clients se pressaient sur les marchés et dans les échoppes du bazar.

Inde et Pakistan, tous deux dotés de l'arme nucléaire, se disputent de puis sept décennies la région himalayenne du Cachemire, aujourd'hui l'une des zones les plus militarisées du monde.

Les tensions sont montées en flèche ces derniers jours suite à un attentat au Cachemire indien qui a tué 41 paramilitaires indiens et été revendiqué par le groupe islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), établi au Pakistan.

De nombreux observateurs s'attendent à des représailles indiennes dans les prochains jours. Le Pakistan a promis de "riposter" s'il est attaqué.

Face à une telle situation, Shabbir Ahmed Pirzada, un habitant de Chakothi, s'est décidé à remettre en état un vieux bunker adjacent à sa maison, construit en 2000 lorsque l'armée indienne bombardait fréquemment la zone.

"Dieu nous en préserve mais si une telle situation se produit, nous pourrons nous cacher dans le bunker. Nous n'avons pas peur, nous avons subi des tirs indiens dans le passé", déclare-t-il à l'AFP.

- "Actions malveillantes" -

Les autorités locales ont encouragé les habitants des zones proches de la Ligne de contrôle à prendre des précautions supplémentaires face au risque "d'actions malveillantes" de New Delhi.

"Des bunkers devraient être construits dans les zones où il n'y en a pas. Les éclairages non nécessaires devraient être éteints après le coucher du soleil. (...) La population ne doit pas emmener ses animaux paître près de la Ligne de contrôle", ont-elle indiqué dans une circulaire.

"Depuis qu'il y a un pic de tensions, nous avons peur pour nos enfants lorsqu'ils vont à l'école", souligne Jamila Kathoon, une femme au foyer, soulignant qu'une école a été touchée par des tirs d'obus dans le passé.

"Nous sommes très inquiets", renchérit un autre habitant, Zaheer Ahmed. "Nous avions construit des refuges dans nos maisons de terre autrefois, mais à présent nous avons des maisons avec des toits de tôle, qui ne sont pas sûres. Il y aura plus de dégâts en cas de bombardements", relève-t-il.

D'autres s'inquiètent aussi des conséquences de la crise en termes d'activité économique pour le village. Un service de bus transfrontalier desservant les deux Cachemire depuis 2005, ainsi que de modestes opérations de troc mises en place en 2008 dans le cadre d'efforts de paix, ont été partiellement interrompus à l'initiative de New Delhi.

"Cela causera des pertes énormes aux marchands si (les échanges) sont interrompus à cause des tensions en cours. Les deux pays devraient trouver une solution politique à la question du Cachemire", déplore Jan Muhammad, un commerçant cachemiri.

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