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Au Caire, la liesse des électeurs pro-Sissi

Autour des bureaux de vote du Caire lundi, des centaines d'électeurs en liesse chantent la gloire de leur président Abdel Fattah al-Sissi au début d'un scrutin de trois jours dépourvu de compétition véritable.

Dans le quartier populaire de Haram, près des pyramides de Guizeh, des femmes dansent dans la file d'attente avant d'aller déposer leur bulletin dans l'urne. Un homme fait résonner son tambour aux couleurs -rouge, blanc et noir- de l'Egypte.

"Vive l'Egypte! Vive l'Egypte et sa grande armée!", chante une femme, un bandana aux couleurs nationales autour des cheveux et brandissant un grand drapeau égyptien.

Un groupe d'employés d'une entreprise pharmaceutique publique arrive, chantant eux aussi la gloire de M. Sissi, de la police et de l'armée.

"Nous sommes tous réunis à l'appel du syndicat (de l'entreprise)", explique Sahar Salah, l'une des employés et mère de famille de 41 ans. "Nous venons célébrer Sissi puis chacun ira dans son bureau de vote avant de retourner au travail", précise-t-elle.

- 'Pas d'alternative' -

"Quelle est l'alternative?", demande Adel Sameh, un conseiller en assurance de 66 ans. "Si nous ne venions pas voter, est-ce que cela serait bénéfique pour l'Egypte? Non, il n'y a pas d'alternative à Sissi", répond-t-il.

Seuls quelques rares automobilistes et passants audacieux ont brièvement invectivé voire insulté les supporters de M. Sissi, avant de s'éloigner rapidement, selon des journalistes de l'AFP.

Depuis plusieurs semaines, des opposants au régime ont appelé au boycott en qualifiant le scrutin de "mascarade", après que les concurrents les plus sérieux ont été écartés.

L'unique adversaire de M. Sissi, le président du petit parti libéral Al-Ghad, Moussa Mostafa Moussa, est aussi un partisan notoire du chef de l'Etat.

Dans ces conditions, le taux de participation est le seul véritable enjeu pour le président.

Face à ce défi, les autorités et la presse, en majorité acquise au régime, ont incité ces derniers jours les citoyens à participer à l'élection, comme une forme de lutte contre le terrorisme.

Un attentat à la voiture piégée qui a tué deux policiers samedi à Alexandrie (nord) est venu rappeler que le risque d'attaques est toujours présent.

Le groupe Etat islamique (EI), actif notamment dans le nord de la péninsule du Sinaï, a d'ailleurs promis de perturber le déroulement du scrutin.

En attendant, dans le quartier de Haram, au Caire, la rue où se trouve le bureau de vote est barricadée par la police.

- Chansons patriotiques -

Dès l'ouverture des bureaux à 09H00 (07H00 GMT), le président Sissi a voté dans une école du quartier huppé d'Héliopolis, selon des images retransmises à la télévision.

Devant cet établissement, protégé par des portiques de sécurité et des gardes républicains, des citoyens ordinaires sont aussi venus voter au son d'un haut-parleur diffusant en boucle une chanson interprétée par Hakim, une star de la pop, appelant ses compatriotes à participer.

"Depuis la révolte (de 2011) je considère que c'est mon devoir de voter", s'enorgueillit Basma Cherif, professeure d'éducation physique.

Le soulèvement populaire de janvier 2011, sur fond de Printemps arabe, avait eu raison du président Hosni Moubarak, après 30 ans au pouvoir. L'Egypte a par la suite été confrontée à l'instabilité politique.

Depuis l'élection de M. Sissi en 2014, le pays s'est stabilisé mais l'opposition est réduite au silence et les ONG dénoncent régulièrement des violations des droits de l'Homme.

"Des gens disent que ce n'est pas la peine d'y aller", M. Sissi étant assuré de sa réélection, dit Mme Cherif.

"C'est encore plus important de voter aujourd'hui pour Sissi car il fait beaucoup de choses pour le pays", estime néanmoins cette supportrice convaincue du président.

Au coeur de la place Tahrir, symbole du soulèvement de 2011, un grand pick-up diffuse des chansons patriotiques alors que des dizaines de jeunes femmes et hommes brandissent des drapeaux en dansant.

Des extraits de discours de Sissi, au ton souvent nationaliste, passent en boucle sur un grand écran, installé sur cette place où, il y a un peu plus de sept ans, les Egyptiens s'étaient rassemblés pour réclamer la chute d'un régime autoritaire.

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