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Au Canada, Justin Trudeau se démultiplie à la veille du scrutin

Le Premier ministre sortant le libéral Justin Trudeau et son principal rival, le conservateur modéré Erin O'Toole, donnés à égalité dans les sondages, ont jeté dimanche leurs dernières forces dans la bataille à la veille de législatives canadiennes.

Pour ce dernier jour de campagne, ils étaient de nouveau tous les deux sur le terrain. Le chef libéral s'est même démultiplié pour ce 36e et dernier jour d'une campagne éclair avec des arrêts en Ontario, au Manitoba et enfin en Colombie-Britannique.

"Comment on va en finir avec cette pandémie? Quelles valeurs nous allons amener au gouvernement? Quelle direction nous allons donner pour nos familles, nos entreprises et notre avenir? C'est pour ça qu'on est en élections", a lancé le Premier ministre sortant, la voix enrouée.

Le politicien de 49 ans, qui a connu une campagne mouvementée, avait déclenché des élections anticipées le 15 août dernier dans l'espoir de retrouver à la Chambre des communes la majorité qu'il avait perdue lors des élections de 2019.

Pour sa part, le chef conservateur Erin O'Toole, qui a su s'imposer sur la scène politique ces dernières semaines, a bouclé sa campagne dans la grande région de Toronto, où il se présente.

Les chefs du Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche) Jagmeet Singh, du Bloc québécois (indépendantiste) Yves-François Blanchet et du Parti vert Annamie Paul étaient eux aussi dans leurs circonscriptions respectives pour cette dernière journée.

- "Campagne pour rien" ? -

L'issue du vote de lundi est totalement imprévisible, les deux grands partis étant donnés au coude-à-coude (autour de 31% d'intentions de vote chacun).

Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n'est en mesure d'obtenir une majorité des 338 sièges en lice au parlement fédéral, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.

"Ils (Les libéraux) sont en tête, mais par une marge relativement limitée, donc ça pourrait être une campagne pour rien", explique à l'AFP Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l'Université McGill.

En déclenchant cette élection alors que bon nombre de Canadiens étaient en vacances et que la pandémie paraissait relativement sous contrôle, Justin Trudeau misait sur sa gestion de la crise sanitaire, dont le succès de la vaccination pour plaire.

Mais rien ne s'est déroulé comme prévu pour le Premier ministre, dont l'avenir politique est en jeu et qui pourrait avoir à patienter pour connaître son sort.

- Suspense -

"On va certainement avoir une bonne idée de la tendance dès lundi soir, mais pour connaître le résultat final, qui tiendra compte des votes par correspondance, on devra sûrement attendre 24 heures supplémentaires", explique à l'AFP Félix Mathieu, professeur à Winnipeg.

Pour Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à Ottawa, c'est de toute façon déjà un pari "raté" pour Justin Trudeau.

"Il a déclenché des élections en pensant pouvoir améliorer son sort et avoir plus de sièges à la Chambre des communes, mais visiblement ce n'est pas ça qui va se produire", explique à l'AFP la politologue.

Selon elle, le chef libéral a "assuré le service de vente", mais son image ternie pourrait lui nuire parce que, dit-elle, "beaucoup de gens trouvent qu'il parle beaucoup mais agi peu".

Celui qui était en 2015 le visage jeune et branché de la politique canadienne, a beaucoup à perdre dans cette élection dont il a refusé de dire si elle serait la dernière.

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