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Au moins 3.000 sans-abri recensés la nuit dans les rues de Paris

Au moins 3.000 sans-abri ont été comptabilisés la nuit à Paris lors d'un recensement inédit organisé par la mairie, qui estime toutefois que ce chiffre est "probablement très en-dessous de la réalité".

Ce premier comptage -qui se pratique déjà à New York, Bruxelles ou Athènes- a été mené dans la nuit de jeudi à vendredi dernier par 2.000 personnes, dont 1.700 bénévoles, alors que le nombre réel de sans-abri en région parisienne a été la source d'une récente polémique entre gouvernement et associations.

"Près de 3.000 personnes ont été comptabilisées (...) dans l'espace public parisien", a déclaré Bruno Julliard, premier adjoint à la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo, lors d'une conférence de presse. "2.952 ont été décomptées de visu", a précisé Dominique Versini, adjointe en charge des solidarités et de la lutte contre l'exclusion.

Des chiffres "impressionnants", "beaucoup trop importants", d'autant que "toutes les personnes n'ont pas été comptées", a admis Bruno Julliard.

Afin de respecter la propriété privée et l'intimité des personnes, "tous les parkings n'ont pas été pris en compte, l'ensemble des cages d'escalier d'immeuble, notamment des bailleurs sociaux, n'ont pas été pris en compte, nous n'avons pas réveillé les sans domicile fixe, nous n'avons pas ouvert les tentes dans lesquelles il pouvait y avoir plusieurs personnes", a-t-il expliqué.

Certaines personnes à la rue ont également trouvé provisoirement refuge dans des centres d'hébergement d'urgence ouverts dans le cadre du plan Grand froid, réactivé mercredi.

"Dès qu'on ne sera plus en plan +Grand froid+, les 672 personnes (hébergées dans ce cadre, ndlr) reviendront à la rue" et porteront le total à 3.624, a souligné Mme Versini, ajoutant qu'un nouveau recensement serait organisé l'année prochaine à Paris hors période hivernale.

En France, il n'existe pas de recensement officiel des SDF. Seule une enquête de l'Insee de 2012, établissait à 143.000 le nombre de personnes sans domicile en France, dont 28.800 adultes francophones dans l'agglomération parisienne.

"C'est bien de compter mais c'est encore mieux d'agir", a commenté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'occasion du compte-rendu du conseil des ministres.

"L'objectif, c'est surtout de pouvoir proposer des solutions d'hébergement d'urgence très concrètement", a-t-il ajouté, en défendant le bilan de l'exécutif: "Ce sont 145.000 propositions d'hébergement d'urgence, soit 10.000 de plus que l'an dernier, qui ont été mises en place par le gouvernement" au niveau national.

- 'Donner de l'objectivité' -

Pour Eric Pliez, le président du Samusocial qui a participé à l'opération comme plusieurs autres associations, "si on rajoute les personnes qui sont abritées pour les mois d'hiver, on est plutôt à 5.000" SDF dans la capitale.

Mais "le défi (de leur trouver un hébergement) est possible à condition que tout le monde se mette autour de la table: l'Etat, la ville, les associations et les citoyens", a-t-il estimé. "C'était extrêmement important de donner un peu d'objectivité".

S'appuyant sur une évaluation similaire de 5.000 sans-abri, le groupe municipal Parti communiste-Front de gauche a réclamé dans un communiqué "la réquisition des 100.000 logements vacants à Paris". Selon la mairie, 16.000 places d'hébergement d'urgence sont ouvertes toute l'année à Paris, auxquelles s'ajoutent 1.500 dans le cadre du plan hivernal.

La présentation des résultats a été saluée comme un "point de départ essentiel d'une évaluation objective", par le groupe parisien UDI-MoDem, en soulignant la nécessité de réunir l'Etat et les collectivités régionales car "Paris ne peut agir seule".

Le 30 janvier, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, avait créé la polémique en affirmant que seuls "une cinquantaine d'hommes isolés en Ile-de-France" avaient dormi dans la rue la nuit précédente.

Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Louis Gallois, avait jugé ses propos "insupportables" et "déploré une volonté politique de minorer le nombre de SDF".

Le secrétaire d'Etat avait réfuté ces accusations, affirmant qu'il se référait au nombre de personnes appelant le Samusocial à qui aucune solution d'hébergement ne peut être proposée. "Les associations parlent de plusieurs milliers de personnes, je n'ai aucune raison de contredire ce chiffre", avait-il ajouté.

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