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Au Mozambique dévasté par les cyclones, Guterres plaide pour la fin des énergies fossiles

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est livré à un vibrant plaidoyer pour la lutte contre le réchauffement climatique tenu responsable du passage dévastateur du cyclone Idai sur la ville de Beira au Mozambique où il s'est rendu vendredi.

"Le Mozambique devrait servir d'avertissement au monde entier", a déclaré M. Guterres devant la presse. "Le monde doit cesser de subventionner les énergies fossiles", a-t-il insisté, appelant les grands pays à "s'engager à des compromis ambitieux contre le réchauffement climatique".

La communauté internationale a confirmé fin 2018 en Pologne son engagement à limiter à +2° Celsius le réchauffement climatique mais les scientifiques assurent que cet objectif ne sera pas tenu faute de mesures plus ambitieuses.

En mars dernier, le cyclone Idai a balayé Beira (centre), la deuxième ville du Mozambique, y faisant plus de 600 morts et y laissant des centaines de milliers personnes de sans-abri.

Six semaines plus tard, le cyclone Kenneth a frappé à son tour la province mozambicaine du Cabo Delgado (nord), à la frontière de la Tanzanie, causant plus de 50 victimes et d'importantes destructions le long des côtes.

Selon la Banque mondiale, le Mozambique, avec ses plus de 2.000 km de côtes le long de l'océan Indien, figure dans la liste des dix pays de la planète les plus menacés par les conséquences du changement climatique.

Quatre mois après le passage d'Idai, le patron des Nations unies a visité à Beira le camp de Mandruzi, où 480 familles sans-abri y ont été relogées dans un village de tentes.

Leurs conditions de vie sont toujours très précaires.

- 'Pas assez à manger' -

"Mon mari a disparu la nuit du passage du cyclone. Je ne sais toujours pas s'il est mort car son corps n'a jamais été retrouvé", a témoigné Marta Muchanga, une mère de famille, "je tresse des cheveux pour survivre et nourrir mes deux enfants."

"Notre principale préoccupation est la faim", a affirmé le chef du village, Jonas Chicote. "Les distributions de nourriture ne sont pas régulières, nous ne recevons à manger que lorsque nous avons des visiteurs de marque", a-t-il déploré.

Comme la veille à Maputo, M. Guterres a à nouveau exhorté vendredi les donateurs internationaux à accroître leur aide.

"J'ai lancé plusieurs appels au monde pour qu'il se mobilise et vienne en aide au Mozambique mais avons toujours besoin de plus", a-t-il indiqué.

Lors d'une conférence organisée il y a un mois, les donateurs internationaux s'étaient engagés à verser 1,2 milliard de dollars pour soutenir les travaux de reconstruction du pays après le passage d'Idai et Kenneth sur ses côtes.

Les Nations unies avaient alors estimé qu'un total de 3,2 milliards de dollars étaient nécessaires pour y parvenir.

Malgré la lenteur des opérations de reconstruction engagées à Beira, le secrétaire général de l'ONU s'est déclaré "impressionné par le degré de destruction (de la ville) mais aussi par la capacité des Mozambicains à se relever des désastres". "Partout j'ai vu des gens en train de rebâtir leur vie", s'est-il réjoui.

Selon l'ONU, près de 2 millions de personnes vivent encore aujourd'hui de l'aide internationale au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi, tous touchés par le cyclone Idai.

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