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Au procès des sondages de l'Elysée, Claude Guéant, "homme de pouvoir absolu"

Au procès des sondages de l'Elysée, le tribunal a commencé mardi à se plonger dans le fonctionnement de la présidence de la République sous Sarkozy, dont le bras droit, Claude Guéant, a été décrit comme un "homme de pouvoir absolu".

L'audience a débuté par un coup de théâtre, le président du tribunal demandant la venue le 2 novembre de Nicolas Sarkozy, au besoin "par la force publique", pour son audition comme témoin.

L'ancien chef de l’État n'est pas poursuivi dans ce dossier car couvert par l'immunité présidentielle.

Cité par l'association Anticor, partie civile, il avait fait savoir par une lettre à la juridiction qu'il refusait cette déposition. Dans une décision sans précédent, le tribunal l'y a donc contraint.

Sobrement, le président du tribunal a ensuite résumé les investigations dans le dossier, avant de planter le décor en interrogeant certains prévenus sur leurs fonctions exactes à l'Elysée entre 2007 et 2012.

L'ancienne directrice de cabinet Emmanuelle Mignon, a expliqué d'une voix rapide et sûre que les fonctions au sein de la présidence n'étaient pas régies par un texte mais déterminées par les président successifs.

L'ancienne conseillère d'Etat, aujourd'hui avocate, a confirmé avoir été "très gênée" dans ses fonctions par une organisation "bicéphale" avec le chef de cabinet de l'Elysée, mais aussi par le "discrédit" dont elle faisait l'objet, un "souvenir douloureux".

"Celui qui parle le mieux de Claude Guéant, c'est le Président de la République (Sarkozy). Il dit: +c'est un homme de pouvoir absolu+. Claude Guéant a exercé ses fonctions en étant un homme de pouvoir absolu. Il a veillé à ne laisser émerger aucun pôle autour de lui. Après, c'était son mode de gouvernement...", a-t-elle déclaré.

"Privée d'une partie de ses attributions", elle a voulu démissionner quatre mois après sa nomination mais partira finalement au bout d'un an, devenant conseillère. Réfutant tout "inimitié" et assurant "respecter" M. Guéant, elle a estimé que c'était pendant la campagne, quand elle avait commencé à être un "élément important du dispositif", que leurs relations s'étaient dégradées.

Y aurait-il eu de la jalousie? "C’est absolument inexact", a soutenu ensuite M. Guéant.

Alors secrétaire général - il deviendra ministre de l'Intérieur en 2011 - il s'est décrit comme un "animateur", "chef d'orchestre" d'une "équipe d'une petite cinquantaine de personnes".

Disant avoir "beaucoup de considération" pour Emmanuelle Mignon, il a affirmé qu'avec "de très fortes personnalités" au sein de l'équipe, il avait "un impératif: celui de la cohérence". "Je n’ai pas le sentiment d'avoir exercé un pouvoir absolu", a-t-il assuré.

Tous deux sont soupçonnés de favoritisme et détournement de fonds publics par négligence pour avoir organisé ou signé des contrats de conseil et de sondages pour un montant total de 7,5 millions d'euros d'argent public.

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