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Australie: la chaîne de montagnes "du Roi Leopold" débaptisée

Les autorités australiennes ont débaptisé vendredi la Chaîne de montagnes du Roi Leopold, dans le nord-ouest du pays, pour qu'elle ne porte plus le nom du monarque belge (1835-1909) et supprimer ainsi la référence à un "tyran maléfique".

Les autorités de l'Etat d'Australie-Occidentale ont précisé que cette chaîne de 600 km située dans la région de Kimberley, qui avait reçu en 1879 le nom du roi des Belges, s'appelerait désormais les Wunaamin Miliwundi Ranges.

"Voilà des années que je suis perturbé par le fait qu'une région extraordinaire d'Australie-Occidentale soit nommée en l'honneur d'une personne qui est largement considérée comme un tyran maléfique", a déclaré le ministre des Territoires, Ben Wyatt, qui est aussi à la tête du portefeuille des Affaires aborigènes.

La mort de l'Afro-Américain George Floyd, asphyxié fin mai par un policier blanc à Minneapolis aux Etats-Unis, a ravivé les débats sur les exactions liées à la colonisation, et en particulier en Belgique, les questions sur la personnalité très controversée de Léopold II.

Surnommé "le roi bâtisseur", celui qui a régné de 1865 à 1909 est accusé de la mort de millions de Congolais.

De nombreuses statues représentant l'ancien souverain à la longue barbe ont été vandalisées à travers le pays, souvent recouvertes de peinture rouge symbolisant le sang versé par les Congolais.

M. Wyatt avait déclaré à la chaîne publique australienne ABC que de nombreux touristes s'interrogeaient au sujet du fait qu'une chaîne de montagnes, dans un pays aussi lointain que l'Australie, porte encore le nom d'une personnalité aussi controversée.

Le roi des Belges Philippe a présenté mardi "ses plus profonds regrets pour les blessures" infligées, lors de la période coloniale, à l'ex-Congo belge, une première historique.

Le mouvement "Black Lives Matter" a eu ces dernières semaines un écho particulier en Australie, pays confronté à l'héritage de l'injustice historique envers les Aborigènes.

Les Aborigènes vivent en Australie depuis plus de 40.000 ans, soit bien avant l'arrivée des colons européens en 1788. Mais ils ne sont que 670.000 dans le pays, sur une population de 23 millions.

Ils sont pourtant largement surreprésentés dans la population carcérale. Les manifestants dénoncent aussi le nombre d'Aborigènes morts en détention, plus de 400 ces trente dernières années. Aucune poursuite n'a été engagée malgré des dizaines d'enquêtes et, parfois, des vidéos pour étayer les accusations de mauvais traitements.

Les gouvernements successifs australiens ont tous été incapables de combler l'écart de niveau de vie entre les Aborigènes et les autres Australiens, une réalité que le Premier ministre Scott Morrison a encore qualifiée en février de "honte nationale".

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