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Aux portes de l'Allemagne, des centaines de migrants affrontent le froid après un long voyage

Transi de froid, Murtaza, un Afghan de 18 ans, soupire. Après près de 24 heures, il attend toujours de passer en Allemagne, l'afflux des migrants ayant tourné à l'embouteillage à la frontière germano-autrichienne, suscitant des tensions entre les deux pays.

"Hier (lundi), j'étais là de cinq heures du matin à deux heures du matin, la nuit suivante. Mais les policiers n'ont pas ouvert la frontière", raconte Murtaza, "Il fait très froid ici, les personnes âgées sont malades, certains enfants aussi, et j'ai l'impression que personne ne s'occupe des réfugiés". Autour de lui, une bonne centaine de personnes enveloppées dans plusieurs couvertures, ou blotties l'une contre l'autre pour se tenir chaud, attendent aussi de traverser le pont frontalier de Simbach am Inn, dans le sud-est de l'Allemagne.


Affronter le froid après un long périple

Sur le pont de Simbach am Inn, les migrants doivent s'armer de patience pour passer cette ultime frontière, après un périple à travers la Turquie, la Grèce et les Balkans. Pour se protéger du vent très vif, ils ont tendu des draps sur les barrières bordant le pont et s'y abritent.

"En Syrie, j'ai fui les bombes et maintenant, ici, c'est comme si j'étais en prison. On ne nous dit rien, nous ne savons rien" se lamente un vieux Syrien qui dit s'appeler Walid, bonnet sur la tête et gants multicolores. "Une partie de ma famille a pu passer, mais pas moi, ni mes deux filles. La police allemande ne nous a pas expliqué pourquoi maintenant ma famille est coupée en deux", s'insurge-t-il.


L'afflux de migrants s'intensifie

Après une stabilisation du nombre des arrivées début octobre, l'afflux de migrants a repris de plus belle ces derniers jours, mettant les autorités allemandes et autrichiennes sous pression.

Rien que dans la région frontalière de Passau, la police allemande a décompté mardi 5.500 nouveaux réfugiés. Depuis janvier, plus de 500.000 personnes sont arrivées en Allemagne, et le nombre pourrait doubler encore d'ici la fin 2015.


Difficile de savoir où vont arriver les migrants

Les agents démentent avoir partiellement fermé la frontière mais expliquent que le passage est ralenti par l'incertitude sur le nombre et les lieux d'arrivée des migrants qui doivent être pris en charge sur place pour être répartis dans des centres d'accueil. "Nous faisons tout pour éviter que des migrants dorment dehors", assure à l'AFP Heinrich Onstein, porte-parole de la police allemande, d'autant qu'en cette fin octobre, la température, la nuit, approche zéro degré. "Le problème est que nous ne savons pas (à l'avance) combien de personnes arrivent à quel passage frontalier", ajoute-t-il.


Les autorités accusent l'Autriche d'amener les migrants vers l'Allemagne durant la nuit

Pour les autorités bavaroises, déjà très critiques de la politique de la porte ouverte de la chancelière Angela Merkel, le coupable des nouveaux goulots d'étranglement est tout trouvé: l'Autriche. Le ministre allemand de l'Intérieur a aussi égratigné Vienne mercredi, dénonçant son comportement "pas correct" et accusant les autorités autrichiennes de conduire "après la tombée de la nuit" les migrants à la frontière sans prévenir leurs homologues allemands.


La police autrichienne se justifie

La police autrichienne assure elle faire de son mieux. "Il faut comprendre que chaque jour, 11.000 réfugiés passent de la Slovénie à l'Autriche. Avec un but, pour la plupart d'entre eux: l'Allemagne. Cela met le sud de l'Autriche sous pression, il faut très vite répartir ces migrants", rappelle David Furtner, porte-parole de la police autrichienne. Or, selon lui, la Bavière n'autorise que le passage de 50 personnes par heure alors qu'il faudrait "un minimum" de 200 personnes.

L'Autriche a annoncé mercredi qu'elle allait édifier une barrière le long de sa frontière avec la Slovénie afin de mieux contrôler le flux de migrants.


Certains migrants passent par le pont ferroviaire: "Je sais que c'est dangereux"

A Simbach am Inn, une dizaine de migrants exaspérés, dont plusieurs accompagnés d'enfants, ont décidé d'emprunter le pont ferroviaire qui traverse la frontière. "Je sais que c'est dangereux, mais je ne pouvais plus attendre", explique un jeune Afghan qui préfère ne pas donner son nom.

À peine descendus du pont, le groupe est accueilli par un policier qui, dans un anglais hésitant, leur signifie leur prise en charge : "Vous êtes en Allemagne. Veuillez me suivre!".

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