Accueil Actu

Avion russe abattu: Israël exprime sa "tristesse" et incrimine Damas

Israël a exprimé mardi sa "tristesse" après la mort des 15 membres d'équipage d'un avion militaire russe abattu par erreur par l'armée syrienne, qui visait selon Moscou des appareils israéliens, mais a rejeté la faute sur Damas et ses alliés.

Israël a en outre contesté que son aviation, qui menait alors un raid chez le voisin syrien, se soit servie de l'appareil russe comme couverture pour échapper aux tirs syriens, comme l'ont dit des responsables russes.

Les évènements survenus lundi soir sont le plus grave accroc dans la coordination affichée depuis 2015 par Russes et Israéliens, qui opèrent sur le théâtre syrien avec des motivations distinctes.

Ils ne devraient cependant pas remettre durablement en question la liberté d'action qu'Israël revendique en Syrie, en particulier contre l'Iran et le Hezbollah libanais, estiment des experts.

Tout en veillant à ne pas se laisser aspirer dans la guerre de l'autre côté de la ligne de démarcation, Israël a multiplié les bombardements contre des positions syriennes, des convois d'armes destinées selon lui au Hezbollah, et de manière intensifiée ces derniers mois, contre des cibles iraniennes.

L'Iran et le Hezbollah, deux des grands ennemis d'Israël, sont aussi avec la Russie les principaux soutiens du régime syrien. Israël reste techniquement en guerre avec la Syrie.

Le 4 septembre, Israël s'est targué d'avoir mené plus de 200 frappes en Syrie, visant principalement des cibles iraniennes, au cours des 18 derniers mois.

Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a proclamé une "liberté d'action (...) totale" en Syrie.

L'une de ces opérations a néanmoins mal tourné lundi soir.

Un Illiouchine-20 russe a été abattu par erreur par la défense anti-aérienne syrienne alors que celle-ci avait ouvert le feu pour intercepter des missiles israéliens visant des dépôts de munitions dans la province de Lattaquié (nord-ouest), selon la Russie. Les 15 membres d'équipage ont été tués.

Le ministère russe de la Défense a dénoncé des agissements "irresponsables" de la part d'Israël et accusé les pilotes israéliens de s'être servis de l'avion russe pour se tirer d'affaire.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a averti son homologue israélien que Moscou se réservait "le droit de riposter", et l'ambassadeur israélien à Moscou a été convoqué aux Affaires étrangères.

Israël, de son côté, est resté de longues heures silencieux, davantage sans doute en raison du caractère ultra-sensible des évènements que de l'imminence de Yom Kippour, fête juive la plus solennelle, quand tout le pays se met à l'arrêt.

- Tir "sans discrimination" -

Fait rare, l'armée israélienne a finalement reconnu que ses appareils avaient mené un raid, dirigé selon elle contre une installation de l'armée syrienne.

Des systèmes entrant dans la fabrication d'armes de précision étaient en passe de partir du site pour être livrés --pour le compte de l'Iran-- au Hezbollah au Liban en vue d'attaquer Israël, a-t-elle dit dans un communiqué. Une menace "intolérable" selon elle.

Le "système de déconfliction" mis en place en 2015 pour éviter toute confrontation au moment où la Russie intervenait militairement au côté de Bachar al-Assad a bien été activé, a-t-elle dit, alors que l'armée russe dit avoir été informée "moins d'une minute" avant l'attaque israélienne.

En fait, a argué l'armée israélienne, l'avion russe ne se trouvait pas sur les lieux de l'opération quand les avions israéliens ont frappé. Et il a été atteint quand ces appareils avaient déjà regagné l'espace israélien.

Les batteries syriennes "ont tiré sans discrimination et, d'après nos informations, ne se sont pas souciées de s'assurer qu'aucun appareil russe ne se trouvait" dans la zone, a-t-elle dit.

Dans ces conditions, "Israël exprime sa tristesse" devant la mort" de l'équipage, mais tient le régime syrien, l'Iran et le Hezbollah pour responsables, a souligné l'armée.

En 2017 déjà, l'ambassadeur israélien à Moscou avait été convoqué après des frappes attribuées à Israël en Syrie.

Dans l'après-midi, le président russe Vladimir Poutine, qui avait déroulé le tapis rouge au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 9 mai, a toutefois paru chercher à dissiper les tensions en parlant d'un "enchaînement de circonstances accidentelles tragiques".

Les experts israéliens s'y attendaient.

Sévir contre Israël irait "contre les intérêts" de la Russie, occupée à ressouder la Syrie, dit à l'AFP Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien. "Mais je crois qu'ils vont devoir se pencher à nouveau sur le mécanisme de déconfliction pour faire un sorte qu'un tel évènement ne se reproduise pas, même avec des gens aussi peu professionnels que les Syriens".

À lire aussi

Sélectionné pour vous