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Biathlon: la longue marche de la Chine

Une légende de la discipline (Ole-Einar Bjoerndalen) comme entraîneur et un champion olympique français (Jean-Pierre Amat) pour s'occuper du tir : la Chine s'éveille petit à petit au biathlon et met les bouchées doubles pour ne pas rater le grand rendez-vous des JO d'hiver 2022 à Pékin.

Avec leurs combinaisons rouges aux couleurs de la République populaire, les biathlètes chinois sont l'une des attractions des Mondiaux-2020 qui ont lieu à Anterselva, en Italie, jusqu'à dimanche.

Pour le moment, les résultats se font encore attendre et les représentants de l'Empire du Milieu sont encore loin de pouvoir rivaliser avec les nations historiques de ce sport. Mais le pays n'a pas lésiné sur les moyens pour se mêler à la cour des grands et ne pas être ridicule dans deux ans à la maison.

Tout s'est accéléré en mai 2019 avec le recrutement de Jean-Pierre Amat, ex-médaillé d'or olympique de tir en 1996 à Atlanta, avant une grosse prise en septembre en la personne de Bjoerndalen, l'homme aux six globes de cristal et aux 95 victoires sur le circuit, venu renforcer l'encadrement avec sa femme Darya Domracheva, quadruple championne olympique, plus spécialement chargée des dames. Ce qui situe l'ambition des Chinois.

"La Chine peut avoir un avenir et c'est bien de sortir des sentiers battus européens, assure le Norvégien. Il y a des exigences élevées, mais c'est possible."

- Défi de taille -

"On repart de zéro et c'est un super pari, explique de son côté Jean-Pierre Amat. Il y a une différence de culture, mais le problème de la langue est surmonté parce que l'on a une très bonne interprète. En termes de moyens, on a tout ce qu'il faut. On se dit que si on fait quelque chose de bien, on changera le cours de l'histoire du biathlon."

Dans un pays de plus d'1,4 milliard d'habitants qui ne compte qu'une centaine de pratiquants, le défi semble de taille, mais pas forcément insurmontable au vu des ressources déployées. La Chine dispose de plusieurs centres d'entraînement, dont deux en Mongolie intérieure où se préparent les équipes nationales avant de quitter leur cocon pour disputer la Coupe du monde avec une dernière phase de réglages en Norvège. D'autres pourraient sortir de terre d'ici les JO-2022.

Au total, les biathlètes sont sur les pistes d'avril à mars "sans relâche", selon Amat. En raison du coronavirus, ils sont toutefois restés en Europe fin janvier et ne sont pas rentrés au pays dans l'optique des Championnats du monde, contrairement à ce qui était prévu.

- "Etoile montante" -

Si les Chinois sont encore à la peine sur le circuit, leurs efforts commencent doucement à porter leurs fruits. A l'image de Fanqi Meng (21 ans), sacrée en Individuel aux Mondiaux juniors en 2019 (39e du sprint et 50e de la poursuite à Anterselva), ou de Cheng Fangming (25 ans, 66e du sprint), qualifié d'"étoile montante" chez les hommes par Jean-Pierre Amat.

"Il peut être vraiment très fort et jouera des médailles à Pékin, ajoute le technicien, qui a officié durant 20 ans au sein de l'équipe de France de biathlon. On le voit pour l'instant par intermittence et il doit apprendre à devenir un vrai biathlète. Mais au niveau du tir, il a eu une progression phénoménale en trois mois. Je n'aurais pas cru que c'était possible."

Reste à enraciner une discipline encore confidentielle en Chine. L'échéance des JO-2022 sera décisive.

"Tout dépendra des Jeux, estime Jean-Pierre Amat. Cela peut être une ou plusieurs médailles, ce qui serait le rêve, des courses médiatisées avec un intérêt du public. Cela pourrait déclencher un vrai mouvement de fond pour le biathlon."

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