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Burkina: le coup d'Etat militaire condamné par la communauté internationale

Le coup d'Etat militaire qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso était largement condamné par la communauté internationale mardi, les Etats ouest-africains annonçant la tenue d'un sommet extraordinaire "dans les prochains jours".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a jugé que "les coups d'Etat militaires étaient inacceptables", réclamant aux militaires en Afrique de l'Ouest de "défendre leur pays, pas d'attaquer leurs gouvernements".

La Communauté économique des Etats ouest-africains (Cédéao) a elle "fermement" condamné "le coup d'Etat militaire", estimant que la démission de M. Kaboré avait été "obtenue sous la menace, l'intimidation et la pression des militaires après deux jours de mutinerie".

Le président français Emmanuel Macron a lui aussi "condamné" ce "coup d'Etat militaire".

"On m'a dit qu'il n'était pas menacé dans son intégrité physique", a ajouté M. Macron, au sujet de Roch Kaboré, dont on ignorait toujours mardi où il se trouvait.

D'autres chancelleries se sont jointes au concert de condamnations et demandé la libération de M. Kaboré, comme le Royaume-Uni ou l'Afrique du Sud qui ont appelé au "dialogue" et au retour de la démocratie.

L'organisation régionale G5 Sahel qui lutte contre le terrorisme (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad), dont la présidence est actuellement assurée par N'Djamena, a de son condamné "énergiquement cette tentative d’interruption de l’ordre constitutionnel" au Burkina Faso.

Le pouvoir y est depuis lundi après-midi aux mains du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) et son homme fort, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, commandant de la 3e région militaire qui couvre notamment la zone est, une des plus touchées par des attaques jihadistes.

A la tête du Burkina Faso depuis 2015, le président Kaboré, réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte antijihadiste sa priorité, était de plus en plus contesté par une population excédée par les violences jihadistes et son impuissance à y faire face.

Mardi matin, des centaines de manifestants sont descendus sur la place de la Nation, au coeur de Ouagadougou, pour soutenir les militaires.

"Nous avions demandé à plusieurs occasions le départ du président Kaboré, qui n’a pas entendu cet appel. L’armée nous a entendu et compris", se réjouissait Lassane Ouedraogo, un manifestant de 43 ans et militant de la société civile.

- "Une libération" -

"Pour nous ce n’est pas un coup d’Etat. C’est une libération de notre pays qui était dirigé par des incompétents", renchérit Julienne Traoré, une enseignante de 30 ans.

Certains manifestants brandissaient des drapeaux malien et russe, appelant à une coopération avec Moscou, comme le régime militaire de Bamako le fait depuis plusieurs mois.

L'homme d'affaires russe Evguéni Prigojine, réputé proche de Vladimir Poutine et soupçonné d'être lié à l'opaque groupe paramilitaire Wagner, a salué mardi le putsch au Burkina Faso comme le signe d'une "nouvelle ère de décolonisation" en Afrique.

Alexandre Ivanov, connu pour être l'un des représentants des "instructeurs" russes en Centrafrique a lui aussi loué sur Twitter les putschistes de Ouagadougou, estimant que la France n'avait obtenu "aucun succès" dans la lutte antiterroriste dans la région.

En dehors de la manifestation dans le centre de Ouagadougou, la vie semblait avoir repris mardi son cours normal: le grand marché, les commerces ou les stations-services étaient ouverts, sans présence militaire notable, a constaté un journaliste de l'AFP.

La junte a par ailleurs annoncé mardi midi la réouverture des frontières aériennes, fermées depuis minuit. Les frontières terrestres rouvrent uniquement pour les véhicules "humanitaires", ceux "transportant des denrées de première nécessité" ainsi que "les équipements destinés aux forces de défense et de sécurité", précise un communiqué lu à la télévision nationale.

Le MPSR a instauré un couvre-feu de 21h00 à 05h00 (locales et GMT), dissous l'Assemblée et suspendu la Constitution, mais promis "un délai raisonnable" pour un "calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous".

Ramener la paix au Burkina Faso ne sera pas une mince affaire pour le MPSR, tant le pays s'est enfoncé ces dernières années dans une infernale spirale de violences jihadistes.

La majorité de son territoire, en particulier l'est et le nord, sont le théâtre d'attaques quasi quotidiennes des groupes affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique.

L'armée, souvent dépassée et visée, n'arrive pas à endiguer ces violences meurtrières qui ont fait plus de 2.000 morts et contraint au moins 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.

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