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Cachemire indien : incidents et tensions à l'occasion d'une commémoration chiite

Les autorités indiennes ont renforcé dimanche les mesures de sécurité dans la partie du Cachemire qu'elles administrent et dont l'autonomie a été supprimée il y a un mois, la situation étant tendue en cette période de commémorations religieuses pour les chiites, marquée par plusieurs incidents.

La police a sillonné dès l'aube Srinagar, la plus grande ville de la région, invitant les habitants par hauts-parleurs à "ne pas s'aventurer en dehors de chez eux" et avertissant que "des mesures strictes seront appliquées contre les contrevenants".

Les chiites du monde entier organisent rassemblements et processions à l'occasion du Moharram, le premier mois du calendrier musulman, qui a commencé cette année le 1er septembre. Ils commémorent à cette occasion l'anniversaire de la mort du petit-fils du prophète Mahomet.

La plupart de ces processions ont été interdites au Cachemire indien depuis le début de l'insurrection contre New Delhi en 1989, les autorités considérant qu'elles pouvaient stimuler les sentiments anti-indiens.

L'AFP a pu constater néanmoins dimanche matin au moins deux modestes rassemblements de huit à dix fidèles chiites, qui ont été rapidement évacués à bord de véhicules de la police. Certains ont été frappés à l'aide de bambou.

Selon des témoins interrogés par l'AFP, six rassemblements similaires ont eu lieu, également accompagnés d'interpellations de la police.

Les habitants soulignent de Srinagar que ces processions religieuses revêtent cette année une coloration politique après la décision par les autorités indiennes, le 5 août, de révoquer l'autonomie de ce territoire.

Le Cachemire, divisé entre l'Inde et le Pakistan depuis 1947, est à l'origine de deux conflits majeurs et de heurts innombrables entre ces deux pays.

L'Inde fait face depuis des décennies à une rébellion armée soutenue, selon New Delhi, par Islamabad et qui a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils.

Quatre journalistes locaux ont été d'autre part blessés samedi pendant qu'ils couvraient une manifestation de quelque 5.000 personnes, l'un des rassemblements les plus importants depuis la révocation de l'autonomie.

Un journaliste a expliqué que sa caméra avait été endommagée et un autre portait des stigmates sur son corps consécutifs à des coups de bambou présumés des forces de sécurité. Celles-ci ont également fait usage de gaz lacrymogène et procédé à des tirs en l'air.

Les autorités avaient assoupli le couvre-feu ces dernières semaines dans certains quartiers de Srinagar, mais l'ont de nouveau renforcé dès vendredi.

Selon un journaliste de l'AFP, jusqu'à dix soldats sont déployés aux points de contrôle alors qu'ils n'étaient que trois au maximum auparavant.

Les tensions pourraient encore s'accroître mardi, pour l'Achoura, le dizième jour de Moharram. L'Achoura est la plus grande commémoration religieuse chiite.

Des sunnites du secteur, majoritaires, ont déclaré à l'AFP qu'ils participeraient mardi aux processions, en signe de solidarité avec les chiites.

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