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Cambodge: le parti de Hun Sen remporte l'ensemble des sièges au Parlement

Le parti de Hun Sen a remporté l'ensemble des sièges au Parlement à l'issue de législatives controversées au Cambodge, une victoire qui va permettre au Premier ministre, au pouvoir depuis 1985, de gouverner encore au moins cinq ans sous le regard protecteur de son puissant allié chinois.

"Le Parti du peuple cambodgien (PPC) a reçu 76,85% des suffrages et remporté l'ensemble des 125 sièges du Parlement", a indiqué mercredi à l'AFP Dim Sovannarom, porte-parole de la Commission électorale cambodgienne.

L'homme fort du royaume, au pouvoir depuis déjà trente-trois ans, doit être reconduit le 6 septembre pour cinq ans à la tête du pays par la nouvelle assemblée législative. Il formera son gouvernement dans la foulée.

Ces élections constituent "un énorme succès pour le processus démocratique au Cambodge", s'est-il félicité mercredi matin lors d'une rencontre avec des ouvrières du textile.

Le scrutin était "libre, équitable et juste", a commenté mercredi le Premier ministre sur son compte Facebook.

"Je veux créer un forum de consultation entre le gouvernement et les partis politiques" du pays, a assuré Hun Sen, 66 ans, alors que le scrutin du 29 juillet s'est déroulé sans compétition électorale.

Le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), qui avait raflé 44% des suffrages aux législatives de 2013, était le seul à pouvoir rivaliser avec le PPC. Mais il a été dissous en novembre 2017, et son président Kem Sokha, accusé d'avoir voulu renverser le gouvernement avec la complicité des Etats-Unis, emprisonné.

Sam Rainsy, le fondateur du CNRP, avait appelé au boycott du scrutin depuis la France où il s'est exilé pour échapper à la prison.

Au final, quelques 6,9 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes sur les 8,3 inscrits. 600.000 bulletins "dégradés" ont toutefois dû être invalidés, d'après la Commission électorale.

Musèlement de l'opposition, de la presse, de la société civile, le royaume a subi "une campagne méthodique du gouvernement cambodgien visant à verrouiller totalement l'espace démocratique et à amener le pays vers une dictature absolue", a commenté John Cavanaugh, directeur pour le Cambodge de l'Institut national démocratique, organe de surveillance et de promotion de la démocratie.

"Nous continuerons de plaider auprès de la communauté internationale pour que le pays remplisse ses obligations en matière de droits de l'Homme et de démocratie comme il s'y est engagé lors de la signature des accords de Paris" en 1991, a souligné Mu Sochua, ancienne vice-présidente du CNPR, qui a fui le pays en octobre 2017.

- allié chinois -

Les Etats-Unis et l'Europe ont fait part de leur inquiétude à l'issue du scrutin, qualifié par Washington de "revers le plus cinglant" à la démocratie cambodgienne.

Certains observateurs se demandent si le Cambodge, qui a bénéficié d'immenses programmes d'aides au développement pour soutenir sa marche vers l'économie de marché, sera davantage isolé sur la scène internationale avec à la clé un éventuel durcissement des sanctions financières et commerciales.

Mais Hun Sen pourra toujours compter sur son fidèle allié chinois qui a investi plus de 4,5 milliards de dollars ces cinq dernières années dans le royaume et est devenu son principal partenaire commercial.

Avec ce nouveau mandat de cinq ans, Hun Sen a désormais le champ libre. L'ex-Khmer rouge, qui a toujours minimisé son rôle au sein du mouvement ultra-maoïste, a placé ses trois fils à des postes-clés au sein du parti et de l'armée.

"Les membres de la famille de Hun Sen possèdent ou contrôlent partiellement des sociétés dont le capital est estimé à plus de 200 millions de dollars", d'après un rapport de l'ONG Global Witness de 2016.

La corruption reste très importante dans le pays qui se classe en 2017 au 161e rang sur 180, d'après Transparency International, derrière la Thaïlande, le Vietnam, l'Indonésie ou la Chine.

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