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Canada: Trudeau dévoile les priorités de son gouvernement minoritaire

Lutte contre le changement climatique, aides à la classe moyenne, assurance-médicaments: Justin Trudeau a dévoilé jeudi les priorités de son nouveau gouvernement minoritaire dans un discours de politique générale qui tend la main à l'opposition.

La plupart des promesses de campagne du chef libéral, dont la neutralité carbone d'ici 2050, une baisse des impôts pour les classes moyennes, et la mise en place d'un régime national d'assurance-médicaments, ont été reflétées dans un "discours du Trône" très consensuel prononcé devant les sénateurs et les députés par Julie Payette, gouverneure générale et représentante de la Reine dans cette ex-colonie britannique.

Le nouveau gouvernement veut également interdire les armes d'assaut, poursuivre la réconciliation avec les peuples autochtones, et défendre "l’ordre international fondé sur les règles lorsque cet ordre est remis en question, surtout lorsqu’il s’agit du commerce et des enjeux numériques".

"Les Canadiens comptent sur vous", a déclaré Mme Payette aux parlementaires canadiens, réunis pour la première fois depuis le scrutin.

"Nous partageons la même planète. Nous savons que nous sommes inévitablement liés au même continuum espace-temps, et que nous voyageons tous à bord du même vaisseau planétaire", a souligné cette ancienne astronaute.

L'élection législative du 21 octobre a vu le Premier ministre sortant défaire son rival conservateur, mais également perdre sa majorité absolue à la Chambre des communes.

Avec 157 élus sur les 338 que compte la chambre basse du Parlement, les Libéraux devront trouver le soutien ponctuel d'autres formations politiques pour faire adopter leurs projets de loi et se maintenir au pouvoir.

M. Trudeau "devra être prêt à faire des compromis avec les autres, à se montrer conciliant et à transcender d'importantes divisions", a expliqué à l'AFP Lori Williams, professeure de science politique à l'université Mount Royal de Calgary.

Après un débat, les députés voteront dans les prochains jours ou semaines pour accepter ou non le plan de route du gouvernement. Un vote négatif pourrait entraîner le déclenchement d'élections anticipées.

Cependant, "les Canadiens n'ont aucune envie de retourner aux urnes dans un avenir proche, et l'histoire a démontré que tout parti qui impose une élection anticipée en paie le prix", estime Mme Williams.

Pour se maintenir au pouvoir, Justin Trudeau est susceptible d'obtenir l'appui du Nouveau parti démocratique (gauche), relativement aligné politiquement avec le sien.

"Tout ce que nous voyons, ce sont de belles paroles", a réagi Jagmeet Singh, chef du NPD. "Ce n'est pas suffisant et nous avons besoin d'engagements plus fermes", a-t-il poursuivi.

"Nous sommes déçus par ce discours du Trône et présenteront un amendement", a pour sa part indiqué Andrew Scheer, chef du parti conservateur. Ce discours a été selon lui "une insulte aux habitants de l'Alberta et de la Saskatchewan", deux bastions conservateurs de l'Ouest canadien, au coeur de l'industrie pétrolière, où aucun député libéral n'a été élu.

-"Hypocrite"-

Depuis son retour à Ottawa après une campagne électorale mitigée, M. Trudeau est resté relativement discret, rencontrant en privé les chefs de l'opposition pour tenter de trouver un terrain d'entente.

Cette situation contraste avec l'engouement suscité par son premier mandat majoritaire après l'élection fédérale de 2015. Justin Trudeau, alors jeune Premier ministre libéral mettant fin à une décennie de gouvernements conservateurs, avait fait irruption sur la scène mondiale avec pour slogan "Le Canada est de retour!".

Un ralentissement de l'économie et les divisions politiques à domicile et à l'étranger ont depuis compliqué la tâche du dirigeant de 47 ans.

La relation entre le Premier ministre canadien et Donald Trump a connu un nouveau soubresaut à la suite de la diffusion d'une vidéo dans laquelle les dirigeants français, britannique, canadien et néerlandais semblent se moquer du président américain lors d'une réception donnée à Buckingham Palace mardi soir.

Donald Trump a réagi avec virulence, traitant M. Trudeau d''hypocrite".

Le Premier ministre canadien a minimisé l'incident, assurant qu'il ne compliquerait pas la ratification d'un nouvel accord de libre-échange (ex-Aléna) avec le Mexique et les Etats-Unis, premier partenaire commercial du Canada, qui a été signé l'an dernier mais dont la ratification a été retardée par le Congrès américain.

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