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Candidats croates: le Premier ministre, l'homme de la rue et le chanteur folk

Les législatives de dimanche en Croatie se joueront entre le Premier ministre conservateur sortant Andrej Plenkovic et le chef de l'opposition de centre-gauche, le social-démocrate Davor Bernardic.

Le scrutin s'annonce serré et ni le HDZ conservateur, ni la coalition emmenée par les sociaux-démocrates (SDP) ne semblent en position de remporter à eux seuls la majorité des sièges nécessaire pour former un gouvernement. Miroslav Skoro, chanteur folk populiste crédité de la troisième place par les sondages, devrait jouer un rôle d'arbitre.

Voici quelques éléments sur les trois principaux acteurs du scrutin.

- Andrej Plenkovic -

Présenté par les médias comme le "gendre idéal", le chef du gouvernement sortant est arrivé aux commandes en 2016.

Ses opposants reprochent à ce polyglotte au ton mesuré d'être plus populaire à Bruxelles que chez lui.

Ses adversaires les plus virulents, dans l'aile droite du HDZ, le taxent de "technocrate européen".

Des groupes catholiques influents l'accusent d'avoir trahi les valeurs chrétiennes et de la famille avec ses politiques modérées sur les sujets de société.

A gauche, on lui reproche de manquer de courage contre la nostalgie qui monte en Croatie envers son passé oustachi pro-nazi.

Diplômé en droit, ce grand brun aux lunettes à montures fines de 50 ans est entré au ministère des Affaires étrangères en 1994 et a été en poste à Bruxelles et Paris. Père de deux enfants, il a dirigé le service en charge de l'intégration européenne de son pays, survenue en 2013.

Ambitieux, perfectionniste et travailleur, selon ses anciens collègues, il a été réélu en mars à la tête de son parti qu'il dirige depuis quatre ans. Il espère aujourd'hui capitaliser sur le succès relatif de son gouvernement face au coronavirus.

- Davor Bernardic -

Arrivé aux commandes d'un parti en miettes après l'échec aux législatives de 2016, "Bero" est un enfant du SDP qu'il a intégré à 18 ans avant de gravir les échelons.

Mais si la popularité des sociaux-démocrates va croissant ces derniers temps, en particulier depuis l'élection en janvier de Zoran Milanovic, l'ancien patron du SDP, à la présidence, il n'en va pas de même celle de "Bero".

Ses critiques, y compris dans les rangs sociaux-démocrates, lui reprochent de ne pas avoir su imposer son leadership, de manquer de charisme, de crédibilité et d'être un piètre orateur.

Diplômé de sciences physiques, ce divorcé de 40 ans aime mettre en avant des origines modestes qui l'ont contraint à faire des petits boulots dès le lycée.

Les amis de cet homme de grande taille et qui porte beau mettent en avant sa persévérance, sa patience et son énergie.

Il est arrivé en politique "en provenance des rues froides de Zagreb plutôt que des couloirs chauds de Bruxelles" et il comprend "l'homme de la rue" en raison de ses origines sociales", font-ils valoir.

- Miroslav Skoro -

Homme d'affaires, chanteur populaire et populiste, il a fait irruption sur la scène politique lors de la dernière présidentielle, où il a raflé 20% des voix sous une étiquette d'indépendant.

Fort de ce résultat, le chanteur de 57 ans, apprécié par ses partisans pour son aisance en public, sa voix jugée agréable et son sens de l'humour, a créé en février sa propre formation.

Ce "Mouvement patriotique" vise à "mettre fin au duopole HDZ-SDP", assure-t-il. Le parti conservateur, et dans une moindre mesure le SDP, dominent la vie politique croate depuis l'indépendance en 1991.

Les titres patriotiques du chanteur avaient fait un carton pendant et après la guerre d'indépendance. Aujourd'hui, Miroslav Skoro attire à nouveau les nationalistes, y compris parmi les membres du HDZ déçus par la politique modérée d'Andrej Plenkovic.

Certains responsables conservateurs ont même rendu leur carte pour rejoindre Skoro, lui-même un ancien membre du HDZ.

"Le seul partenaire sûr dans une coalition" gouvernementale "sera toujours le peuple croate", assure aujourd'hui le candidat. Celui-ci a salué le jugement récent d'un tribunal croate qui a dit qu'il n'était pas illégal d'inclure un slogan oustachi dans une chanson.

Titulaire d'un diplôme d'ingénieur et d'un doctorat en économie, il a vécu aux Etats-Unis où il a rencontré son épouse américaine. Il est père de deux enfants.

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