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Carlos revient aux assises pour l'attentat du Drugstore de 1974

Ce sera son dernier procès: figure du terrorisme anti-impérialiste des années 1970-80, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, sera jugé en appel aux assises de Paris, à partir de lundi, pour l'attentat meurtrier du Drugstore Publicis en 1974.

Le "révolutionnaire professionnel" autoproclamé a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en mars 2017 pour ce crime "terroriste" par une cour d'assises spéciale, uniquement composée de magistrats professionnels. L'attentat avait fait deux morts et 34 blessés.

A l'issue de deux semaines de procès, la cour avait suivi les réquisitions du ministère public, estimant que "tous les éléments accumulés durant l'enquête" convergeaient vers le Vénézuélien, âgé aujourd'hui de 68 ans.

La défense de Carlos - déjà condamné deux fois en France à la peine maximale pour trois meurtres en 1975 et pour quatre attentats à l'explosif (11 morts et 191 blessés) en 1982 et 1983 -, avait dénoncé un "procès politique jugé d'avance" relevant de la "paléontologie judiciaire", plus de quarante ans après les faits.

"Il y a des fragilités spectaculaires dans ce dossier: des témoins manipulés par les services de sécurité, des menteurs, de fausses preuves... Nous allons tout décortiquer, nous allons plaider l'acquittement", a déclaré à l'AFP Francis Vuillemin, l'un des avocats historiques de Carlos avec Isabelle Coutant-Peyre, devenue sa compagne.

A l'audience, l'ancien guérillero au service de la cause palestinienne avait savouré la tribune offerte, assumant son parcours entre cabotinage et provocation. "Fier de (son) passé", il avait revendiqué "1.500 morts dont 80 de (ses) propres mains", mais toujours nié sa participation au crime jugé.

- Révolutionnaires japonais -

L'attaque avait eu lieu le 15 septembre 1974 à Paris, à 17H10: une grenade lancée par un homme depuis le restaurant en mezzanine du Drugstore avait explosé dans la galerie marchande en contrebas, à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de Rennes.

Pour l'accusation, cet attentat visait à faciliter la remise en liberté d'un Japonais arrêté à Orly, membre de l'Armée rouge japonaise (ARJ) dont un commando venait également d'exiger la libération lors d'une prise d'otages à l'ambassade de France à La Haye.

L'ARJ était proche d'une branche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) dont Carlos était devenu l'un des bras armés en Europe.

La grenade jetée au Drugstore était, selon cette hypothèse, le moyen de pression choisi par Carlos pour accélérer la libération du révolutionnaire nippon. A l'audience, plusieurs témoignages sont venus appuyer cette thèse, notamment celui d'un ancien compagnon d'armes, Hans Joachim Klein, qui assure que Carlos lui a raconté avoir jeté une grenade. Le "Chacal" lui-même avait revendiqué cette action dans une interview parue fin 1979 dans le magazine El Watan Al Arabi. Entretien que l'intéressé a ensuite affirmé n'avoir jamais donné.

Dans les motivations de sa décision, la cour d'assises avait retenu contre l'accusé la co-organisation de la prise d'otages de La Haye.

Elle avait également estimé que le lien entre cette prise d'otages et l'attentat contre le Drugstore était établi par la revendication de cette action, rapportée par la presse, et par l'utilisation d'une grenade provenant, comme celles abandonnées par les auteurs de la prise d'otages, d'un stock dérobé sur une base américaine en Allemagne.

Le verdict avait été accueilli avec soulagement par les victimes, comme la preuve qu'il n'y a "jamais d'impunité" pour les crimes terroristes. Carlos, incarcéré en France depuis son arrestation au Soudan en 1994, avait, lui, dénoncé une enquête tronquée.

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